Avant-hier, vers 22h, la cour d'assises a rendu son verdict concernant l'affaire de plus de 100 kg de résine de cannabis, découverts le 9 mai 2006 au port de Ghazaouet, à bord d'un véhicule de type J9 qui s'apprêtait à embarquer à bord d'un car-ferry en partance pour Almeria (Espagne). Entamé à 9h, le procès a tangué au gré des bouleversements, des attitudes émouvantes et des plaidoiries intenses. Dans cette affaire, plus de vingt robes noires ont axé leur défense, menée avec brio, sur la tactique du ministère public qui s'est basée sur la présomption de culpabilité et les apparences pour enfoncer les accusés et c'est d'ailleurs dans ce sens qu'il avait requis la perpétuité et de lourdes peines de prison pour l'ensemble des accusés. Un réquisitoire qui a provoqué l'ire et l'embarras des avocats. « Nous plaidons ici dans une affaire où l'absence de preuves matérielles est criante. Les accusés ici présents, qui sont déjà restés derrière les barreaux pendant 17 longs mois, ont été impliqués dans ce crime sur la base de procès-verbaux établis au niveau des services de police et à des desseins graves. C'est un dossier monté de toutes pièces par ceux qui sont censés protéger les citoyens et leurs biens. » A ce propos, nous rappelons tout simplement que, lors de leur arrestation, quatre frères, des commerçants, ont été victimes de l'acharnement de l'ancien commissaire de police de Maghnia, aujourd'hui détenu à la maison de rééducation d'Ouled Mimoun (Tlemcen) avec deux autres officiers et un agent. El Watan, qui avait rapporté les faits à l'époque, avait mis à nu la falsification de procès-verbaux et la disparition d'autres documents officiels qui avaient permis l'implication et la détention de ces quatre frères, aujourd'hui lavés de tout soupçon. Ce procès, qui a duré 13 heures exactement, n'a pas pu déceler le véritable propriétaire de cette importante quantité de drogue et c'est le conducteur du véhicule, dont le métier est de transporter des marchandises entre la France et l'Algérie, ainsi que son accompagnateur, un Algérien résident dans l'Hexagone, âgé de 64 ans et diabétique qui ont tout payé. « La loi ne protège pas les inconscients », a cru comprendre l'assistance, composée des proches des accusés. D'ailleurs, à l'énoncé du verdict, les proches des condamnés, particulièrement ceux de l'émigré, très abattu, ont réagi violemment. Pour atténuer cette tension, les éléments de la gendarmerie ont dû rapidement évacuer la salle. Mais les dés étaient déjà jetés et c'est dans une ambiance mêlée de cris de joie et de coups de colère que le procès s'est achevé.