Au moment où l'eau devient rare, plusieurs phénomènes viennent s'ajouter à la pression que subit cette ressource. En effet, en plus de la demande qui augmente durant cette saison estivale de 25 à 30%, les branchements illicites et les fuites contribuent fortement à la déperdition de cette ressource et l'affaiblissement du réseau d'alimentation en eau potable. Selon le directeur chargé de l'alimentation en eau potable auprès du ministère des Ressources en eau, Smaïl Amirouche, il y aurait pas moins de 6000 cas de piquages illicites recensés depuis le début de l'année en cours jusqu'au mois de mai dernier. Dans un bilan des activités de la cellule de veille et de surveillance des réseaux, 57% de ces cas seraient déjà traités. Les 43% restants, soit 2606 cas, sont entre les mains de la justice qui tranchera sur leur sort. Le traitement de ces dossiers a conduit à la récupération de 546 000 m3. Pour les fuites, le nombre est très important. Le même responsable annonce un chiffre de 80 000 fuites recensées durant la même période. Sur ce chiffre déjà annoncé par le ministre du secteur, Hocine Necib, 64 962 ont été réparées permettant la récupération de quelque 7,4 millions de mètres cubes orientés vers d'autres besoins, notamment l'eau potable pour les ménages. Dans un entretien accordé à l'APS, M. Amirouche revient sur le sujet des créances de l'Algérienne des eaux, qui n'ont pas cessé d'alimenter une véritable polémique. Evaluées à 46 milliards de dinars, ces dettes ne cessent de prendre de l'ampleur. Les ménages en détiennent la part la plus importante avec pas moins 29 milliards de dinars contre 13 milliards détenus par les collectivités locales. Une situation délicate qui met à mal la santé financière de l'entreprise qui rencontre des difficultés pour financer ses différentes opérations de maintenance, de remplacement des pompes endommagées et autres travaux nécessaires à la pérennité de l'alimentation en eau potable pour ses différents clients. Ce n'est pas tout, puisque la difficulté que rencontre l'ADE à recouvrer ses créances la met dans une situation encore plus critique vis-à-vis de Sonelgaz. Ses dettes envers ce groupe sont évaluées à près de 3 milliards de dinars, selon M. Amirouche. Dans un processus de restructuration, l'ADE compte, selon les propos du même responsable, installer un dispositif de généralisation de comptage pour mettre graduellement fin au système forfaitaire de facturation. Ce dernier ne permet en aucun cas le comptage réel de la quantité d'eau consommée. En plus, pour le recouvrement de ces créances, l'ADE, qui a lancé dernièrement une campagne de sensibilisation au profit de ces clients, ne compte pas s'abstenir de recourir aux mises en demeure et à la justice pour récupérer ses honoraires. Pour rappel, le ministre des Ressources en eau avait dernièrement déclaré, en marge d'une réunion avec les cadres de son secteur, que l'ADE avait quelque 40 milliards de dinars de créances «mortes» impossible à recouvrer aujourd'hui. Il s'agit de créances anciennes héritées de la période d'avant la création de cette institution.