Alors que le projet d'alimentation des populations de Relizane et douze autres communes à partir de l'eau dessalée traîne en longueur, toutes les régions de la wilaya sont faiblement approvisionnées à partir des barrages, des retenues ou des forages. En effet, l'on apprend d'une source de l'ADE que le chef-lieu de wilaya s'approvisionne du barrage Essaada de Sidi M'hamed Benaouda qui lui offre quotidiennement un volume de 22 000 m3, une quantité censée être suffisante pour une population estimée à plus de 130 000 âmes. «Nous sommes alimentés une fois tous les deux jours. Dieu merci, cette année nous n'avons pas à nous plaindre de ce côté», a souligné Ahmed, un retraité de l'enseignement. Loin du périmètre de Relizane où la satisfaction est ressentie, notamment chez les locataires de Bormadia et de Benouda qui profitent de la station qui assure un débit de 20 litres/seconde, ceux des autres communes et particulièrement les ruraux vivent le calvaire pour avoir de l'eau. Au sud- est de la wilaya, précisément à Had Chekala, Boughaiden et Bouardia, la région qui a vécu le martyre durant les années du terrorisme, la population galère pour se ravitailler en cette précieuse denrée. «Heureusement que nos enfants nous aident pendant leurs vacances», a tonné Ahmed, un éleveur en précisant : «J'aurais aimé envoyer mes enfants à l'école coranique, mais nos besoins en eau m'ont contraint de les retenir et de les mobiliser pour nous approvisionner.» A Ain Tarik et Ammi Moussa, deux importantes agglomérations de l'Ouarsenis, sises non loin du barrage Gargar, l'eau coule des robinets seulement trois heures par jour. «Toute la population est consciente de cette carence et s'est dotée des moyens de stockage», a souligné Ali, un commerçant, ajoutant : «Alors qu'on est seulement à quelques bornes de Gargar, l'eau nous provient des forages réalisés au niveau de la nappe de Merja Sidi Abed, aux abords de la RN-4.» Oued R'hiou, la deuxième importante agglomération de la wilaya, puise, quant à elle, son eau du barrage Gargar, mais hormis le centre-ville, tous les autres quartiers souffrent de l'insuffisance dans l'alimentation. «Les services de l'OPGI nous ont à plusieurs reprises saisis pour qu'on se débarrasse de nos citernes placées sur les terrasses, mais nous n'avons pas pu satisfaire cette demande», a noté Adda, un ex-émigré. «Nous sommes conscients du danger que constituent ces citernes, mais nous ne pouvons rester sans eau», a-t-il justifié. A Ouarizane, Beni Zentis, Hameri et Ouled Sid Mihoub, une vaste étendue traversée par les canalisations du transfert des eaux dites «MAO» qui alimentent Oran à partir de Gargar, le constat est le même, l'alimentation est aussi rationnée alors que la région dispose d'une gigantesque nappe phréatique. A Yellel, Sidi Saada et Kaala, où les premiers essais d'approvisionnement à partir de l'eau dessalée ont été effectués, la population se plaint de l'insuffisance de son ravitaillement en cette denrée. «Depuis que les autorités ont opéré des lâchers d'essai en présence du ministre, il y a quelques mois, nos robinets sont à sec», a renchéri Senouci, un retraité. «L'alimentation en eau à partir de la mer s'est depuis estompée», ajoute-t-il. Si pour une grande partie de la wilaya l'approvisionnement en eau est faible et la crise réellement ressentie, pour les services de l'ADE, la situation est normale. «Nos abonnés sont habitués à ce rythme de rationnement», affirme-t-on à l'ADE.