Quelques semaines seulement avant la fin de son mandat, l'APC de Constantine est en pleine déroute au vu du bilan désastreux de sa gestion des affaires de la commune. Le dossier, parmi tant d'autres, qui a révélé toutes les défaillances de la mairie et qui a fait couler beaucoup d'encre est celui de la dissolution de l'entreprise du marché de gros de fruits et légumes (Magrofel) de la zone industrielle Rhumel. Ce dossier épineux cache en réalité beaucoup de dépassements et toute l'inconséquence du maire M'hamed Irar et son staff. Lors d'une visite effectuée hier sur les lieux, les employés et les commerçants rencontrés par El Watan n'ont pas manqué d'afficher leurs inquiétudes. Ils ont affirmé que c'est l'anarchie totale au niveau de la commune, surtout après l'annonce de la dissolution de l'entreprise. «Pourquoi dissoudre cette entreprise ? Nous avons proposé d'augmenter le loyer des locaux de manière raisonnable pour répondre à la décision de la tutelle, concernant la revalorisation du patrimoine. Malheureusement le maire a refusé de répondre à nos doléances et veut donner ce marché à un investisseur privé», a déclaré l'un des marchands. Les concernés estiment qu'une augmentation de 100 % ne pénalisera en aucune manière le commerçant, car le loyer d'un local est à 6 000 DA TTC par mois. Pour ce qui est des droits d'entrée, ils ont ajouté qu'ils déboursent pour un camion plein 800 DA et pour une camionnette 600 DA. Les commerçants tourmentés s'interrogent sur la raison pour laquelle ce maire refuse de négocier le prix du loyer avec eux, alors qu'il le fait avec les investisseurs. Plus précis, ils ont évoqué les délibérations de l'APC quand le maire a demandé de diminuer le prix, car les entrepreneurs ont boycotté l'établissement mis aux enchères. Pour les employés, la situation est plus compliquée. Ils ont estimé qu'il y a anguille sous roche. Parce que, d'après eux, une dissolution ne concerne que les entreprises défaillantes, ce qui n'est pas le cas de Magrofel. Pis encore, ils réclament une explication sur le refus affiché par le maire d'augmenter le loyer ou de désigner un liquidateur depuis la dissolution de l'entreprise. «La commune sera obligée d'indemniser les vendeurs qui ont des fonds de commerce et les employés de Magrofel après leur licenciement. Pourquoi les responsables concernés ne veulent-ils pas agir conformément à la réglementation. Tout se fait de manière ambiguë», a lancé l'un d'entre eux.
Le jeu ambigu de l'APC Rappelons que tout a commencé suite à la note du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales concernant la revalorisation du patrimoine communal. Les élus, sous la pression des walis, ont décidé d'augmenter le loyer de 1000%, provoquant plusieurs mouvements de protestation. Mais l'APC ne s'est pas arrêtée là. Sautant sur cette occasion en or, elle a procédé à la dissolution de Magrofel, qui a été loué à 200 millions de centimes par an, au lieu d'augmenter le prix du loyer. Au mois de janvier dernier, la décision de la dissolution a été prise, et un liquidateur devait être désigné en 30 jours, selon la réglementation. Un mois plus tard, lors d'une session ordinaire de l'APC, le maire avait déclaré que Magrofel serait mise aux enchères pour un prix de départ de 80 millions de dinars, sans la désignation d'un liquidateur. En mai, lors d'une autre session de l'assemblée, le maire avait demandé la révision du prix à 50 millions de dinars. Pour sa part, le secrétaire général de la commune, Boukhalfa, avait déclaré : «Le marché a été mis trois fois aux enchères et l'opération était toujours infructueuse. Pour cette raison, la commission a décidé de diminuer l'enveloppe à 50 millions de dinars. Pour ce qui est de la dissolution de l'entreprise Magrofel, le liquidateur sera désigné cette semaine.» À ce jour rien n'a été fait. Pourtant, l'ex-wali, Kamel Abbes, avait adressé une correspondance au P/APC à propos de cette dissolution. Selon une source proche du dossier, il a été mentionné : «L'entreprise sera dissoute à condition que vous assumiez tous les engagements conséquents de cette dissolution.» Il a écrit également au maire, toujours selon notre source, pour que ce dernier mobilise une commission composée d'administrateurs, pour établir un inventaire physique et comptable de l'établissement. A ce jour, rien n'a été fait. Le marché fonctionne pourtant, mais de façon «informelle» puisque le P/APC signe des sursis d'un mois d'occupation au profit de Magrofel, afin d'assurer l'activité des commerçants sur les lieux. En toute illégalité ! Une entreprise dépendante administrativement L'APC a signé, il y a des années, un contrat pour louer les lieux à Magrofel, selon les informations de notre source. Depuis, cette entreprise s'occupe de toutes les charges, notamment le paiement des salaires des 38 employés, le camion de décharge, la maintenance, les factures de l'électricité et de l'eau. Cela, sans la moindre aide de la commune. Ce qui est aberrant, c'est que cet établissement n'est autonome que sur le plan financier. Car, contrairement au statut de l'entreprise et au code du commerce, le conseil d'administration est composé «des vice-P/APC». Pour ce qui est du directeur, il assure le poste de secrétaire du conseil d'administration. Donc à qui incombe-t-on l'échec de Magrofel ? Pourquoi l'APC refuse-t-elle de désigner un liquidateur ? Sinon, pourquoi ne pas annuler simplement la délibération de la dissolution ? Quelles sont les intentions des responsables concernés par ce problème ? N'est-il pas temps d'ouvrir une enquête sur la gestion et les décisions de cette APC ? De nombreuses questions demeurent en suspens. Pour avoir la version des responsables de Magrofel, nous nous sommes rapprochés de l'administration. Malheureusement, personne n'a voulu faire la moindre déclaration à ce sujet.