L'atmosphère d'optimisme vécue pendant quelques jours dans les territoires occupés après l'instauration de la trêve avec Israël et surtout après les informations affirmant que l'accord pour la constitution d'un gouvernement d'union nationale était imminent a pris fin jeudi, lorsque le président Mahmoud Abbas a annoncé l'échec des négociations avec le Hamas qui domine le gouvernement en place. Le président Abbas a regretté que « six mois de discussions » avec le Hamas aient été infructueux. « Nous voulons un cabinet capable d'alléger les souffrances de notre peuple. » Le président, qui s'adressait à la presse au cours d'une conférence conjointe avec la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice, présente à Ariha, en Cisjordanie occupée, a, par ailleurs indiqué : « Nous sommes malheureusement dans une impasse et cela est très douloureux. Nous n'avons pas réussi. Nous ne sommes pas parvenus aux résultats que nous escomptions. » Et d'ajouter que « toutes les options sont à présent ouvertes, à l'exception de la guerre civile que nous n'accepterons jamais ». le président palestinien a affirmé vouloir un gouvernement d'union et que peu lui importait les noms, les personnalités, les partis. il voudrait des dirigeants respectables, quels qu'ils soient, respectueux de la légitimité arabe et internationale, afin de pouvoir mettre un terme à l'embargo international imposé au peuple palestinien depuis la formation du gouvernement par le Hamas en mars dernier. « une heure après la constitution d'un tel gouvernement, nous exigerons de la communauté internationale de mettre fin à l'embargo », a lancé M. Abbas. Yasser Abd Rabo, membre du comité exécutif de l'OLP et conseiller de Abbas, a affirmé que le président s'adresserait aux Palestiniens « dans les prochains jours » pour annoncer formellement l'échec des discussions d'unité nationale. « Des mesures politiques sans précédent vont être prises », a-t-il ajouté. Quant au conflit israélo-palestinien, la secrétaire d'Etat américaine n'a pratiquement rien apporté de nouveau. Mme Rice a félicité le président Abbas pour ses efforts en vue d'établir l'actuelle trêve intervenue après une série d'incursions israéliennes sanglantes dans les territoires palestiniens. « Nous espérons l'instauration d'un cessez-le-feu complet », a-t-elle déclaré lors de la même conférence de presse. Aux termes d'un cessez-le-feu en vigueur depuis dimanche dans la bande de Ghaza, les groupes armés palestiniens se sont engagés à cesser les tirs de roquettes sur le sud d'Israël en échange d'un retrait des troupes israéliennes du territoire palestinien et d'un arrêté des activités militaires israéliennes en Cisjordanie occupée. Israël a retiré ses troupes de la bande de Ghaza mais continue à opérer en Cisjordanie occupée où ses forces ont tué jeudi un jeune palestinien âgé de 16 ans près de Naplouse. Un autre palestinien a été tué vendredi matin par des soldats israéliens à un barrage militaire près de la ville d'El Khalil. Invoquant des raisons de sécurité, Israël maintient un réseau de barrages routiers qui entravent les déplacements en Cisjordanie occupée. Les Palestiniens et nombre de mouvements de défense des droits de l'homme accusent Israël d'infliger une punition collective à la population palestinienne. En réponse aux actes israéliens, les résistants palestiniens ont tiré vendredi une roquette artisanale sur le sud d'Israël, sans faire de victime. Tous ces événements laissent planer un doute quant aux réelles intentions et à la sincérité du gouvernement israélien qui a accepté la trêve. Avec l'aspect beaucoup plus protocolaire qu'a pris la visite de Rice dans les territoires palestiniens, l'échec des négociations interpalestiniennes pour la formation d'un gouvernement d'union nationale, la poursuite des violences israéliennes en Cisjordanie occupée, la situation risque de replonger très vite dans l'inconnu. une nouvelle spirale de la violence est aujourd'hui plus que probable .