Le président palestinien Mahmoud Abbas a affirmé jeudi que l'étape actuelle est celle de l'union nationale. « A partir de lundi, les noms des ministres seront connus, car le gouvernement est à 99% formé », a lancé Abbas à l'issue d'un entretien avec Ismaïl Haniyeh, le Premier ministre désigné, issu du mouvement islamiste Hamas. Ghaza : De notre correspondant La formation d'un gouvernement d'union entre le Hamas, le Fatah et les différentes formations palestiniennes, à l'exception du Front populaire de libération de la Palestine qui a refusé d'y participer, a été décidée lors des discussions que les chefs des deux principaux mouvements sur la scène palestinienne ont eues il y a un mois à La Mecque sous l'égide de l'Arabie Saoudite. Les derniers différends concernant le portefeuille de vice-Premier ministre et celui de l'Intérieur semblent aplanis. On parle de Azzam Al Ahmad, le chef du groupe du Fatah au conseil législatif au premier poste, et le général Jamal Abou Zayed, ancien numéro deux des forces de sécurité nationale, ayant concordé avec les Israéliens leur retrait de la bande de Ghaza, en 2005, au poste clef de ministre de l'Intérieur. Abbas a laissé entendre que le conseil législatif serait convoqué en session dans une douzaine de jours pour voter la confiance à la nouvelle équipe. « Nous espérons que cela ouvrira une ère de véritable unité nationale. La patrie est à tous les partis. Les gens ont beaucoup souffert et nous devons alléger leurs souffrances », a dit le président palestinien qui doit rencontrer le Premier ministre israélien Ehud Olmert, demain, en Israël. La dernière rencontre entre les deux hommes en présence de la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice le 19 février dernier à Jérusalem Ouest n'a donné lieu à rien de vraiment concret. Lors de cette réunion, intervenue après les accords de La Mecque entre le Fatah et le Hamas, Israël et les Etats-Unis, mécontents du rapprochement entre les deux rivaux, ont opéré de grandes pressions sur le président palestinien afin de pousser le gouvernement d'union à se soumettre aux conditions du Quartette, surtout la reconnaissance de l'Etat d'Israël et l'arrêt de la résistance armée. Ces conditions en plus de la reconnaissance des accords précédents signés entre l'OLP et l'Etat d'Israël ont été posées à tout gouvernement palestinien qui voudrait mettre un terme à l'embargo international imposé par le Quartette et Israël au gouvernement formé par le Hamas, suite à sa victoire aux dernières législatives de janvier 2006. Le chef en exil du bureau politique du Hamas, Khaled Méchaâl, qui a participé aux discussions de La Mecque, a déclaré qu'il n'était pas question que le Hamas reconnaisse l'Etat juif. Considéré par les Etats-Unis, l'Union européenne, principale donatrice de fonds directs à l'Autorité palestinienne et Israël comme une organisation terroriste, le Hamas qui a formé le cabinet le 25 mars a été incapable à lui seul de faire face à cet embargo sévère qui a plongé les territoires dans une crise politico-financière sans précédent. Cette crise a été couronnée par des combats meurtriers entre partisans du Fatah et du Hamas au cours desquels des centaines de Palestiniens en majorité des citoyens innocents ont trouvé la mort. La pauvreté et le chômage dans les territoires ont atteint des niveaux jamais connus. Cette atmosphère de véritable guerre civile n'a pris fin qu'avec la signature des accords de La Mecque. Les Palestiniens ont commencé dès lors à espérer, de nouveau, voir, au lieu de leurs propres agendas, la cause nationale reprendre le dessus et redevenir la priorité de toutes les formations actives sur la scène politique et militaire. Le président Abbas, qui veut étendre la trêve observée depuis novembre à Ghaza au reste des territoires occupés, a toujours dit que les mouvements palestiniens tels le Hamas, le Fatah, le Djihad islamique ou les autres sont libres de leurs opinions et de leurs engagements envers leurs partisans, que le gouvernement n'appartient pas à un mouvement donné mais à tous les Palestiniens et qu'ils devraient se soumettre à la politique tracée par le président et par l'OLP, le seul représentant légitime de tous les Palestiniens où qu'ils vivent. C'est ainsi que le président et le Hamas espèrent contourner les conditions imposées par le Quartette et mettre un terme à l'embargo qui devient de jour en jour plus étouffant. Tout ce qui reste aux Palestiniens est leur unité sans laquelle il sera facile de les briser. Le gouvernement d'union nationale devient un cas d'extrême urgence.