Condamnés à s'entendre, les Palestiniens ont trouvé un accord pour former un cabinet d'union. Contre toute attente, les leaders palestiniens réunis depuis mercredi à La Mecque, à l'initiative du roi Abdallah Ben Abdelaziz, ont rapidement trouvé des points d'accord leur permettant d'envisager une rapide mise sur pied d'un gouvernement d'union nationale qui achoppait jusqu'alors sur des questions de procédures et de répartition des portefeuilles. Le monde arabe, d'une manière générale, l'Occident (Etats-Unis, Union européenne) en particulier, ont accueilli avec satisfaction l'accord auquel sont parvenus jeudi soir, à La Mecque, les Palestiniens. Cet accord est intervenu après deux journées de discussions sous la direction du président Mahmoud Abbas, pour le Fatah, et le chef de son bureau politique, Khaled Mechaâl, pour le Hamas. A l'ouverture du dialogue, MM.Abbas et Mechaâl, faisant montre d'optimisme ont affirmé qu'ils ne «quitteront pas les Lieux Saints» de La Mecque avant qu'ils ne soient parvenus à un accord en bonne et due forme. Des personnalités de leur entourage ont ainsi laissé entendre que les discussions pourraient aller jusqu'à une quinzaine de jours. Mais il semble que les pressions exercées sur les Palestiniens, notamment par le roi Abdallah qui, dans l'affaire engageait son prestige, a eu un aboutissement positif qui dégage l'horizon palestinien quelque peu embrouillé depuis l'arrivée du Hamas au pouvoir, en mars de l'année dernière et le boycott de l'Autorité palestinienne qui s'en est suivi, avec les conséquences que l'ont sait, notamment dans la bande de Ghaza. Selon Nabil Amr, conseiller du président Mahmoud Abbas, le cabinet d'union nationale serait formé «dans moins d'une semaine». M.Amr a ainsi indiqué hier que: «Dans moins d'une semaine, nous terminerons la composition du gouvernement d'union» sur lequel les deux parties se sont mises d'accord dans la soirée de jeudi à La Mecque. Il y a eu, également accord sur le second point de divergence entre le Fatah et le Hamas, lié au sort des Forces exécutives du mouvement islamiste. Ces dernières seront intégrées dans les forces (légales) de sécurité, dépendant directement de la présidence de l'Autorité palestinienne, selon M.Amr qui a affirmé qu'il y a eu «un accord sur l'intégration de la Force exécutive au sein des autres forces de sécurité». Par ailleurs, autre point positif, Hamas a accepté la demande du président Abbas consistant en l'inclusion dans le programme du nouveau gouvernement du respect des résolutions internationales et des accords conclus par l'OLP. C'est de fait l'un des points d'achoppement qui a suscité, entre autres, l'embargo européen et américain du gouvernement du Hamas. Mahmoud Abbas qui a maintenu Ismaïl Haniyeh, issu du Hamas, au poste de Premier ministre, l'a, en revanche, incité en le chargeant de former le cabinet d'union nationale, à «respecter» les accords signés par l'OLP. Certains commentateurs en ont tiré la conclusion que cette exigence reviendrait à une reconnaissance «implicite d'Israël» et de rappeler que le Quartette pour le Proche-Orient (USA, UE, Russie et ONU) exige, pour lever l'embargo financier -qui a provoqué une asphyxie budgétaire pour le gouvernement Hamas- la reconnaissance d'Israël et des accords passés et la renonciation à la violence. Les premières réactions venues de l'Union européenne sont plutôt positives, l'UE, tout en se «félicitant» de cet accord, l'analyse «de façon positive mais prudente» a indiqué hier, Cristina Gallach, la porte-parole du Haut représentant de l'UE pour la politique extérieure, Javier Solana. De son côté, «Moscou salue l'accord sur la formation d'un gouvernement d'union nationale», a déclaré le porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Mikhaïl Kamynine, cité par les agences russes Interfax et Itar-Tass. «Nous estimons que seule une telle voie peut conduire à la stabilisation dans les territoires palestiniens et autour d'eux», a-t-il ajouté, selon Itar-Tass. Prudents, les Américains sont restés hier dans l'expectative se contentant d'un sec «On va voir» exprimé par le porte-parole de la Maison-Blanche, Tony Snow. Il est encore «trop tôt» pour se prononcer, disent les Américains, qui observent le wait and see. Pour sa part, Israël s'est limité a rappeler les exigences de la «communauté internationale», c'est- à-dire le diktat de l'Occident qui a asphyxié financièrement les Palestiniens. A ces derniers, toutefois, d'assumer toutes les responsabilités qu'exige la situation actuelle dans les territoires occupés par la formation, le plus tôt, du cabinet d'union afin de remettre la population au travail et de rétablir la stabilité dans la bande de Ghaza et dans l'ensemble des territoires palestiniens.