La naissance du gouvernement d'Union nationale, annoncée imminente à maintes reprises par les responsables palestiniens, s'avère à chaque fois plus difficile que l'on veut faire croire. Prévue avant la fin de la semaine passée, l'annonce d'un accord final sur la constitution de ce gouvernement n'a toujours pas eu lieu. la dernière réunion entre le président Mahmoud Abbas, chef du Fatah, et son premier ministre Ismaïl Haniyeh, issu du Hamas, le principal mouvement islamiste palestinien, s'est soldée par une décision de la poursuite des négociations entre les deux parties. Ces négociations qui semblent sans fin commencent à irriter les citoyens palestiniens, véritables victimes de cet état d'instabilité politique au plus haut niveau. Le gouvernement d'union nationale qui permettra aux palestiniens de s'unir face aux multiples défis que représente l'occupation devrait sans doute mettre fin à l'embargo international. Cette situation a plongé les Palestiniens dans l'une des plus graves crises économiques de leur histoire. Plus de 160 000 salariés n'ont perçu que partiellement leur salaire durant plus de 8 mois consécutifs, ce qui a provoqué des mouvements de protestation, grèves et manifestations parfois violentes. Par ses incursions répétées dans les territoires, Israël a fortement contribué à la détérioration des conditions de vie des Palestiniens. Selon un rapport publié jeudi par Médecins du Monde, les Palestiniens mangent moins, ont vu leur accès à l'eau potable réduit, et ont plus de mal à se rendre à l'hôpital. « La suspension des aides engendre des difficultés supplémentaires pour la population civile palestinienne, dont les conditions de vie se dégradent continuellement et de plus en plus sévèrement depuis 2000 » (déclenchement de l'Intifadha d'Al Aqsa), constate l'organisation humanitaire Médecins du Monde, en ajoutant que les opérations militaires israéliennes de cet été « constituent un risque d'aggravation » susceptible « d'enfoncer les Territoires palestiniens dans une crise humanitaire majeure ». « Aujourd'hui, les vaccinations commencent à s'arrêter. Les anémies commencent à voir le jour comme dans certains pays d'Afrique chez les nouveau-nés. Dépression collective Et les femmes enceintes donnent naissance de plus en plus à des enfants prématurés et de petit poids », a rapporté le Dr Regis Garrigue, responsable des missions de MdM dans les Territoires palestiniens. Selon lui, « la dégradation de la santé des populations palestiniennes est un impact direct des conséquences économiques de l'arrêt des aides », impact « dramatique, immédiat, concret et visible ». Depuis juillet, plusieurs centres de soins du ministère de la Santé ont fermé. Les coupures de courant n'ont pas épargné les hôpitaux. Autre aspect de cette dégradation, les troubles psychologiques, qui sont « en hausse continue, en particulier chez les enfants ». Environ 85% des personnes interrogées début juillet disaient avoir été confrontées à un événement traumatisant (franchissement du mur du son par l'aviation israélienne, bombardements, survols, tirs...). D'après le Dr Pierre Micheletti, président de Médecins du Monde, « la population est dans un véritable état de dépression collective ». Dans un discours télévisé, le président Mahmoud Abbas, qui croit en une solution négociée du conflit israélo-palestinien, a rappelé aux Israéliens que la paix n'est possible qu'avec la création d'un Etat palestinien. « Voici venue l'heure de vérité, parce qu'on ne parviendra pas à la paix dans cette région sans un retrait total d'Israël des territoires arabes et palestiniens qui ont été occupés en 1967 », a déclaré Abbas. Malheureusement, Israël ne cesse de tout faire pour que le statu quo persiste. Dans ce contexte, Israël a refusé en bloc l'initiative de paix européenne annoncée, proposée jeudi par l'Espagne, la France et l'Italie. L'initiative, dévoilée lors du sommet franco-espagnol, porte notamment sur la demande d'une trêve immédiate et sur un échange de prisonniers entre Palestiniens et Israéliens.