Le rapport du commissaire aux comptes sur les rémunérations des cadres a révélé des violations de la réglementation, que l'ex-wali avait déjà relevées au grand jour. Dans une conjoncture économique marquée par une crise financière sans précédent, et des mesures d'austérité drastiques rappelées à chaque occasion dans les discours officiels, des pratiques défiant toute logique deviennent monnaie courante au sein des établissements publics à caractère industriel et commercial (EPIC) dans la commune de Constantine. C'est ainsi que les gestionnaires de ces EPIC, tels celui chargé du ramassage des ordures (Propco), des espaces verts (Edevco) et de l'éclairage public et de la voirie (Evepco) et aussi l'Office chargé de la promotion culturelle et artistique, exerçant sous la tutelle de l'APC de Constantine, se sont permis des salaires dépassant la barre des 270 000 DA. Des salaires qui défient aussi toutes les réglementations régissant la gestion de ces entreprises, dont les bénéficiaires jouissent avec le consentement du maire de Constantine. Avant de s'étaler sur ces dépassements commis en toute quiétude, il est nécessaire de signaler que ces établissements ont été créés l'année dernière, dans le but d'«améliorer les services de la commune». Des cadres communaux ont été orientés vers ces EPIC, dont le conseil d'administration est composé d'élus et présidé par le maire, en l'occurrence Mohamed Rira. Une année après, les résultats des travaux menés sur le terrain par lesdits établissements demeurent décevants, sans qu'il y ait eu la moindre réaction du président du conseil d'administration, alors que ces responsables étaient payés sur le budget de la commune. Par contre, les salaires et les primes des responsables des différents EPIC dépassent pour chacun d'entre eux les 270 000 DA, soit quatre fois la paie d'un administrateur de la même commune ayant un niveau et des compétences supérieurs. Détournement des deniers de la commune Face à cette situation accablante de dilapidation des deniers de la commune, l'APC de Constantine a chargé le maire de présenter un bilan financier de ces EPIC, mais ce dernier nie continuellement ces réclamations et persiste à maintenir la même gestion dans les établissements en question. Pis encore, le premier magistrat de la commune passe au-dessus de toutes les réglementations, en mettant au placard le rapport du commissaire aux comptes à propos de l'exercice clos de l'année 2016, sur l'établissement Propco. Dans ce rapport, dont El Watan détient une copie, il est mentionné que les décomptes des paies et des primes au cadre dirigeant principal ont été effectués sans le respect de la circulaire n°001 du 30 août 2015, fixant les modalités de détermination des rémunérations des cadres dirigeants des entreprises publiques non autonomes, des établissements publics à caractère industriel et commercial (EPIC) et des centres de recherche et de développement (CRD). «En ce qui concerne lesdits décomptes et versements des paies au cadre dirigeant principal, on signale que les dispositions prévues par la circulaire n°001 du 30 août 2015, du ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale n'ont pas été observées en ce qui concerne l'exigence de classement de l'Etablissement Propco pour la fixation du salaire fixe du cadre dirigeant principal ; aucun arrêté interministériel de classement de l'Etablissement Propco ne nous a été présenté», a précisé le commissaire aux comptes dans son rapport. Et de souligner que le montant global des rémunérations mensuelles des dix personnes les mieux payées de l'EPIC avoisine les 3 000 000 DA. Pour conclure, rappelons que l'ex-wali Kamel Abbes avait dévoilé ces dépassements au mois d'avril dernier en instruisant les responsables des communes et de la wilaya d'établir un état détaillé sur l'organigramme et sur le taux d'encadrement des différentes EPIC. El Watan a également soulevé ce problème dans un article intitulé «La nouvelle vache à traire !» publié dans l'édition du 26 mai dernier. Enfin, nous avons appris de source proche du dossier qu'un élu de l'APC de Constantine a saisi l'actuel wali Abdessamie Saïdoun, en lui faisant part de ce détournement à travers un rapport détaillé. Quelle sera la réaction du wali actuel ? Y aura-t-il une enquête judiciaire sur ce genre de pratiques? Car, en se basant sur le rapport du commissaire aux comptes et les déclarations de Kamel Abbes, il s'agit bel et bien d'un détournement des aides de l'Etat à ces EPIC.