L'Algérie se met à l'heure de la franchise. Deux forums dédiés à cette pratique commerciale ont étés tenus à Alger en moins d'une année. Le dernier forum en date, qui s'est déroulé du 25 au 27 novembre dernier et qui a vu la présence d'enseignes de renom international, a été l'occasion pour la fédération algérienne de la franchise de “mûrir le cadre d'action, tant au plan juridique et commercial, qu'en termes financiers pour mieux développer l'emploi et l'activité économique en général” dans un contexte de modernisation de l'économie algérienne. Au moment où l'ouverture sur les flux commerciaux internationaux de l'Algérie est réelle, et le modèle de consommation s'approche de ceux des pays développés, l'idée de rendre plus efficace la présence de grandes marques internationales dans le pays, dans un cadre structuré, au bénéfice des véritables professionnels et des consommateurs algériens, se fait de plus en plus précise. Bien plus, le développement de ce mode de distribution est présenté comme un véritable rempart contre le marché informel et celui de la contrefaçon, sans parler de ses capacités créatrices d'emplois. Aussi, il est souvent souligné le transfert de savoir-faire que cette pratique commerciale favorise entre le franchiseur et le franchisé, et de ce fait, permet, la mise à niveau des opérateurs locaux aux normes et standards internationaux. Si une multitude de modes de distribution de commerce voient le jour : commerce électronique, la vente par correspondance, la vente à domicile, etc., la franchise se distingue par le cadre contractuel liant des entreprises indépendantes, au même titre que la distribution sélective (parfumerie...), la concession (automobile...), le courtage, les agents commerciaux ou encore le partenariat et la commission affiliation. Elle n'est pas définie par un statut juridique particulier, mais la relation contractuelle, pour fonctionner normalement, doit comporter un certain nombre d'obligations. Actuellement, des enseignes de renom (Yves Rocher, Zohara, Jacques Dessange, Celio, Carrefour, Swatch, etc.) se sont installées dans plusieurs villes du pays, et la tendance ne fera qu'aller crescendo puisque la destination Algérie intéresse, désormais, de nombreuses marques internationales, soucieuses, pour leur part, d'étendre leurs parts de marché. Des secteurs de l'habillement, de l'agroalimentaire, des services et celui de la grande distribution sont appelés à connaître un essor certain et offrent de grandes opportunités aux nouveaux franchiseurs. Sur le plan juridique, l'association algérienne de la franchise compte sur le code de commerce, “qui organise la fonction de distribution de façon générale et connaît les questions de licence, brevets…”, même s'il ne se réfère pas explicitement à la franchise. Comme il est stipulé que les marques étrangères peuvent compter sur l'Institut national de la propriété intellectuelle (Inapi) qui brevette et protège les marques, mêmes étrangères, pourvu qu'elles soient déposées en Algérie. Cependant, en matière de paiement des redevances (royalties), il est reconnu toute la difficulté à la mettre en œuvre, car pour les transactions commerciales internationales, les transferts ne sont reconnus par la Banque d'Algérie que pour des transactions réelles, donnant lieu à un flux de biens ou de services, quantifiables et quantifiés pour chaque opération d'importation. Pour l'association, la mise en œuvre poussée de l'accord d'association avec l'UE et l'adhésion de l'Algérie à l'OMC feront avancer encore plus les questions d'organisation du cadre juridique et financier de la franchise. Si la franchise est au stade embryonnaire en Algérie, elle constitue le mode de distribution le plus commun dans les économies performantes, notamment en Europe et aux USA. En Chine, la franchise se développe rapidement, et selon l'observatoire de la franchise, ils sont plus de 2300 franchiseurs à s'y être installé depuis l'an 2000, soit plus de 168.000 magasins, et un taux de croissance respectivement de 40%. La Chine représente le marché le plus large, en forte croissance, capable d'attirer l'intérêt de nombreux investisseurs. Mais c'est aux Etats-Unis, cependant, que la franchise va se développer tout au long de ce siècle avec le plus de vigueur. Le secteur de l'automobile, vente de voitures, mais aussi distribution d'essence, est le premier à se développer par ce type de partenariat. Il s'agit, en fait, pour les constructeurs, de s'adapter à la loi antitrust de 1929 qui leur interdit d'être propriétaires des points de vente. La formule connaît un tel succès que d'autres branches de l'économie américaine, comme la restauration ou la location d'outils, s'engagent, à leur tour, dans la franchise.