Mais jusqu'à quand ça va continuer comme ça dans cette rue ?», est l'éternelle question que tous les citoyens se posent à El Milia dès qu'ils traversent la rue du 20 Août, en plein cœur de la ville. Une artère qui demeure éternellement squattée par les marchands informels. A chaque fois que ces derniers sont chassés de cet espace, ils redoublent d'arrogance et de mépris envers tout ce qui est ordre pour revenir à la charge avec la même détermination de conquérir davantage d'espace sur le trottoir et la route. Dans cette cohue, les commerçants légaux se sont mis de la partie pour apporter leur grain de désordre en occupant, à leur tour, les devants de leurs boutiques par des cageots de patates, de tomates ou de tout ce qui tombe sous leurs mains pour barrer la route aux piétons. Transformée en un marché informel par la force d'une habitude, devenue un droit légal pour squatter cet espace, la rue du 20 Août n'est plus qu'une «souika», pour reprendre les termes de tous ceux qui y trouvent leur compte pour faire leurs emplettes dans cette anarchie. Le même dispositif est reproduit avec la même arrogance à la rue de la Palestine, quand des emballages en carton d'appareils électroménagers sont utilisés aux mêmes fins pour accaparer le trottoir et...la route. A la rue Zighoud Youcef, tout est permis pour ramener des cageots, des planches, des chaises ou tout autre moyen pour empêcher tout stationnement devant les magasins. Ce laisser-faire a encouragé les commerçants de meubles à transformer le trottoir de la rue du 1er Novembre en un bazar à ciel ouvert pour exposer lits, tables de télévision, canapés, ainsi que divers objets de décoration. Le commerce de bazar a encore transformé la rue de la Pépinière (Trig Azzaoualia) en une zone de non-droit, où chacun stationne et se comporte comme il veut. Les bouchons de la circulation automobile y sont interminables, bloquant tous les couloirs, y compris les accès empruntés par les riverains. «Parce que sur la route c'est la pagaille, on s'acharne sur le trottoir, ce qui empêche même les petits enfants à circuler librement pour rejoindre leur école», peste un parent d'élève, qui dit craindre pour la sécurité de son fils dans ce désordre. Au diable donc, le piéton qui ne trouve plus son petit bout de chemin. Pendant ce temps, on laisse faire, on ferme les yeux pour enfin tolérer ces pratiques, portant atteinte à l'ordre public.