C'est décidé, le gouvernement imposera désormais les riches. Le seuil de la fortune n'a pas encore été fixé. Le gouvernement décide, enfin, d'instituer un impôt sur la fortune comme une des mesures nécessaire pour faire face à la crise financière actuelle. Cette dernière figurera dans l'avant-projet de loi de finances 2018 qui sera examiné prochainement en Conseil des ministres. C'est l'une des annonces phares faites, hier, par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, en réponse aux préoccupations des membres du Conseil de la nation soulevées lors des débats sur le plan d'action du gouvernement qui vient d'avoir l'aval des deux chambres du Parlement, APN et Sénat. Sans fixer le niveau de la fortune concernée par cette mesure, il affirme qu'il s'agirait d'une introduction «d'un impôt plus direct sur la fortune», puisqu'«il existe un autre sur le patrimoine». «De par le barème trop élevé, 90% des Algériens ne seront pas concernés par cet impôt», affirme-t-il. Ayant présidé dans la matinée une réunion du gouvernement consacrée à l'examen de l'avant-projet de loi de finances, le Premier ministre s'est présenté au sénat avec de nouveaux chiffres en vue d'éclairer sur la démarche du gouvernement. Ainsi, il donne les grandes lignes de l'avant-projet de loi de finances 2018. Dans ce texte, annonce-t-il, le gouvernement prévoit l'ouverture d'une ligne de 400 milliards de dinars pour le paiement des créances impayées des entreprises, dont 70 milliards réclamés par une entreprise chinoise intervenant dans le bâtiment. Rappelant à nouveau que les emprunts annoncés dans le cadre du financement non conventionnel «seront affectés exclusivement à l'investissement et au remboursement de la dette publique», Ahmed Ouyahia communique les dotations budgétaires des principaux fonds du développement. «100 milliards de dinars seront alloués aux Programmes communaux de développement (PCD) au lieu de 35 milliards de dinars actuellement. Les fonds de développement du sud et celui des hauts-Plateaux seront dotés respectivement de 60 milliards de dinars et 80 milliards de dinars. Un total, de 300 à 400 milliards de dinars seront consacrés au développement local, y compris dans les régions montagneuses», annonce-t-il, en insistant sur «la nécessité de rationaliser les dépenses». Des projets de plus de 2000 milliards DA gelé Dans la foulée, le premier responsable du gouvernement annonce la décision de lever le gel des projets, notamment dans les secteurs de l'éducation et de la santé. «L'Etat a gelé des projets de plus de 2000 milliards de dinars. Même les secteurs de l'Education nationale, la santé et l'eau ont été touchés par la décision. C'est regrettable. Le gouvernement va lever le gel sur tous les projets de l'éducation et ceux de la santé, à l'exception des CHU, dont le coût est élevé (15 milliards de dinars pour un CHU)», déclare-t-il. Ahmed Ouyahia tente aussi de rassurer sur le maintien de la politique du logement, le développement agricole et le tourisme. «Jusqu'à la fin août, l'Etat a livré 169 000 logements. Pour l'année 2017, 302 000 logements seront livrés. D'ici 2019, plus d'un million de logements seront réceptionnés. Dans le projet de loi de finances 2018, nous allons prolonger la durée d'application de l'article 15-08 relatif au logement», annonce-t-il. Mais, souligne-t-il, toutes ces projections restent tributaires de l'adoption de l'amendement de la loi sur la monnaie et le crédit. En réponse à la valeur des réserves d'or de l'Algérie, Ahmed Ouyahia affirme que celui-ci équivaut à un plus de 6 milliards de dollars. «Une consommation de 15 millions de tonnes de carburant» Répondant également à la polémique sur l'importation du carburant alors que le pays est un producteur de pétrole, Ahmed Ouyahia fait une mise au point. «L'Algérie produit 11,5 millions de tonnes de carburant. Mais avec l'importation de 500 000 voitures, la consommation nationale a augmenté. Le pays consomme actuellement 15 millions de tonnes de carburant, dont 3 millions seulement proviennent de l'importation», explique-t-il, affirmant «qu'avant l'entrée en production de la raffinerie d'Alger à la fin de l'année prochaine et la réalisation de deux autres raffineries, l'Algérie deviendra exportatrice du carburant». Ahmed Ouyahia termine son intervention au Sénat avec une note d'espoir, en insistant sur «la capacité de l'Algérie de surmonter cette crise avec moins de dégâts.»