E n 2006, de jeunes amateurs d'aquariophilie et d'élevage d'oiseaux de cage se rencontraient chaque week-end au marché des animaux de compagnie qui se tenait près de l'ex-square Panis, non loin de la place du 1er Novembre (La Brèche) au centre-ville de Constantine. Puis une idée émerge. «Nous avons décidé de créer une association pour plaider la cause de la capture et la vente des animaux sauvages surtout des oiseaux, à l'instar du chardonneret», déclare Larbi Afoutni, président de l'association Aquacirta de Constantine. Le projet atteindra sa phase da maturité quelques années plus tard. «En 2013, nous avons eu l'occasion de bénéficier d'un financement pour un mini-projet, avec pour objectif de photographier les espèces d'oiseaux qu'on peut rencontrer à Constantine, ce qui nous a permis de reconnaître notre patrimoine naturel puis promouvoir la passion d'observation des oiseaux dans notre région et contribuer à la protection de cette richesse», poursuit-il. «On n'oubliera pas de souligner que ce microprojet a été financé par l'ambassade des Etats-Unis en Algérie dans le cadre du programme MEPI, sous l'encadrement de World Learning et la Fédération algérienne des personnes handicapées FAPH», notera-t-il. L'opération connaîtra une grande réussite, puisqu'elle permettra de réunir les vrais passionnés d'ornithologie formant le noyau d'une équipe qui ne cessera de grandir. Le club Aquacirta est né avec pour premier objectif de regrouper d'autres adhérents et amoureux de la nature et former une association qui active pleinement sur le terrain. «Dès le début, nous avons organisé des sorties régulières dans différentes régions de la wilaya de Constantine à la recherche de nouvelles espèces d'oiseaux, avec comme outils des paires de jumelles, des guides ornithologiques, des appareils photo et surtout avec beaucoup de passion. Notre challenge était de photographier le maximum d'espèces», explique Larbi Afoutni. Dans ces différentes campagnes, on notera surtout la précieuse collaboration de la Conservation des forêts de la wilaya de Constantine, la direction générale des forêts et le réseau national des observateurs ornithologues algériens. Le président de l'association rappelle les difficultés rencontrées au tout début de cette initiative. «Comme c'était notre première expérience de mener un projet associatif, il n'était pas facile pour nous de gérer les délais du projet ni le budget, ainsi que l'acquisition du matériel de photographie animalière, alors qu'il était presque impossible de se procurer des jumelles en raison du manque de fournisseurs agréés, malgré ces difficultés notre projet Bird Map a été sélectionné parmi les meilleurs micro-projets financés dans le cadre du programme PEACE (Project Education Altruisme and Civic Engagement)».
Une rencontre inédite en Algérie Notons au passage que l'ornithologie (en grec la connaissance des oiseaux), cette partie de la zoologie ayant pour objectif l'étude des oiseaux, est une activité scientifique qui a été pratiquée depuis des décennies en Algérie par des amateurs. Une vraie passion d'observer les oiseaux dans leur milieu naturel sans les capturer. Grâce à leur travail continu, reconnu même par les spécialistes, ces ornithologues amateurs œuvrent d'une manière très efficace pour la protection de l'avifaune. Avec leurs observations sur le terrain, ils peuvent apporter beaucoup d'informations à la communauté scientifique. Ce travail a fini par payer. «Dans ce contexte, notre travail de terrain fait l'objet d'une thèse de doctorat préparée par un membre de l'association afin d'étudier l'écologie de quelques espèces d'oiseaux à Constantine», fera remarquer Larbi Afoutni. L'une des activités majeures de l'association AquaCirta depuis sa création est d'avoir réussi à organiser avec brio un événement inédit en Algérie : «Les premières journées nationales des ornithologues amateurs algériens». Des rencontres tenues du 18 au 20 mai dernier à la maison de la culture Malek Haddad de Constantine ayant regroupé des ornithologues d'une quinzaine de wilayas, en plus d'universitaires et de chercheurs. «C'était pour nous une rencontre très utile et très riche en communications et en débats, mais aussi très conviviale, car nous avons pu réunir des amis qui ne se connaissaient qu'à travers la Toile, en partageant des centaines de photos de l'avifaune algérienne», affirme M. Afoutni. Le fait le plus important à souligner dans ces journées a été la présence du Professeur Bellatreche, enseignant chercheur à l'Ecole nationale supérieure d'agronomie (ENSA) et doyen de l'ornithologie en Algérie. Avec sa passion et son caractère spontané lors de sa communication et ses différentes interventions, cet éminent chercheur a donné un grand impact à ces journées, réussissant à insuffler une nouvelle dynamique à la jeune génération d'ornithologues. Parmi les résolutions de ces rencontres, on notera la nécessité de création d'associations régionales puis une Fédération nationale d'ornithologie, la création d'un blog web algérien spécialisé en ornithologie, pour publier les observations des amateurs sous forme d'articles à caractère scientifique, l'édition d'une revue ornithologique sous forme électronique et papier et l'archivage des observations dans une même base de données.