Le ministre de l'Industrie et des Mines, Youcef Yousfi, était à Jijel, jeudi dernier, pour s'enquérir de l'état d'un secteur industriel boosté par l'entrée en phase de production expérimentale de l'usine sidérurgique de Bellara, à El Milia. Il faut dire que le moment était historique pour certains à la vue du fer à béton sortir du compartiment du premier laminoir de cette usine. «Cela me renvoie à plus de quarante ans de péripéties traversées par ce projet sidérurgique, resté en gestation depuis les années 1970», a réagi un élu accompagnant la délégation ministérielle. L'histoire de cette usine est tellement ancienne qu'elle avait fait partie des mille et un projets industriels proposés pour la zone de Bellara, avant que des Qataris ne se manifestent pour signer, à Jijel, en 2014, avec leurs partenaires algériens de Sider, le protocole de création de la société mixte Algerian Qatari Steel (AQS). Au mois de mars 2015, Abdelmalek Sellal, alors Premier ministre, avait donné avec son homologue qatari le coup d'envoi officiel de la réalisation de ce complexe d'une capacité de 4 millions de tonnes/an, pour un investissement de deux millions de dollars. Auparavant, c'est un contrat portant réalisation de ce complexe qui a été signé, à Jijel, entre le président du conseil d'administration d'AQS et le président du groupe industriel italien Danieli. L'entrée en phase de production expérimentale de cette usine a été rendue possible grâce à la mise en place d'une ligne électrique de 400 mégawatts pour son alimentation en énergie électrique, palliant au retard dans la réalisation de la centrale électrique sur le même site. Une conduite de 11 km a également été réalisée pour son alimentation en eau à partir du barrage de Boussiaba. Un autre projet de raccordement de la zone de Bellara au port de Djen Djen sur le tronçon de ligne Jijel-El Milia est en cours de réalisation pour le transport des produits sidérurgiques et des différents matériaux entrant dans leur fabrication. Ceci dit, si la réalisation de cette aciérie a absorbé en grande partie le chômage dans la région, des voix se sont élevées pour dénoncer «des passe-droits» dans le recrutement d'une main d'œuvre disponible localement. Certains sont allés jusqu'à dénoncer la venue d'ouvriers étrangers pour des taches que des Algériens pourraient accomplir. Il reste que si on se réjouit de l'impact économique de ce projet, des citoyens n'hésitent pas à appréhender les effets polluants de ce complexe. Les responsables tiennent cependant à rassurer sur le respect des normes environnementales de ses installations industrielles d'envergure.