Le solaire occupe une place importante à la 8e édition du Salon international des énergies renouvelables, des énergies propres et du développement durable (ERA 2017), qui s'est tenu entre le 23 et le 25 octobre au Centre des conventions d'Oran. Le marché algérien du photovoltaïque n'est pas très développé, mais les perspectives sont réelles et c'est sans doute ce qui a poussé bon nombre d'opérateurs à commencer à se placer sur la scène. Toufik Benamar, directeur d'unité chez Condor, considère que la société qu'il représente est leader sur le marché algérien en mettant en avant sa capacité de production estimée à 130 MW et sa ligne de production «full-automatique», ultramoderne et utilisant la technologie allemande la plus actuelle. Un tout nouveau produit sera d'ailleurs commercialisé dès le premier trimestre 2018. L'usine fonctionne mais les commandes sont timides car l'entreprise vise surtout les grandes centrales photovoltaïques et, à terme, l'exportation vers les autres pays africains et même l'Europe. «Pour la promotion des énergies renouvelables, il faut des raccordements vers le réseau électrique et c'est là où se situe le grand débat car quelqu'un qui investit dans cette technologie, quelle qu'en soit la taille, aimerait bénéficier d'un retour sur investissement en écoulant le surplus de l'énergie qu'il produit», indique-t-il en précisant qu'aujourd'hui le prix unitaire de l'énergie produite par le photovoltaïque est 3 à 4 fois supérieur à celle produite conventionnellement. En attendant, les débouchés existent tout de même et c'est ce qu'exploite déjà la société Aurès Solaire dont le PDG, Nouacer Hocine, s'est associé avec des Français selon la formule 51/49. L'entreprise équipe déjà la future aérogare d'Oran. A titre expérimental et en partenariat avec une instance de l'Union européenne, les toitures de certaines écoles primaires de Batna, Sidi Bel Abbès et Boumerdès seront équipées de cette technologie. «Lorsque nous avons travaillé sur l'établissement Emir Abdelkader de Batna, nous avons été surpris par la curiosité des enfants, et c'est là je crois où nous avons touché du doigt l'essentiel car notre rôle a été aussi de sensibiliser les nouvelles générations», explique le même patron dont la présence au salon a été bénéfique car il a pu signer une convention de partenariat avec un installateur. Mieux encore, à la suite, dit-il, d'un échange avec le wali d'Oran, un accord de principe a été trouvé pour une intervention lors des Jeux méditerranéens de 2021. Une entreprise publique comme l'Enie de Sidi Bel Abbès a également investi dans cette technologie du futur et son usine vise aussi les grands marchés mais intéresse aussi «les petits exploitants agricoles pour des usages divers dont le pompage solaire», indique son commercial. Sur un plan international, venu l'an dernier en observateur, un fabricant turc de chauffe-eau solaires participe pleinement à cette édition et envisage de tisser des liens à l'échelle locale. Une bonne partie des résidences et même d'immeubles en Turquie sont dotés de ces installations qui permettent de disposer de l'eau chaude sans aucune consommation d'énergie conventionnelle (gaz ou autre). Solar Peks, leader sur le marché turc et dont l'usine est implantée à Konya, occupe le troisième rang à l'échelle mondiale et exporte vers 77 pays via notamment des agences en Allemagne, en Espagne et en Australie. «Cette solution est très utile dans les zones qui ne sont pas desservies en gaz naturel mais on peut l'adopter également pour des considérations écologiques et c'est pour cela que le marché algérien nous intéresse», indique Ozyurt Ayse, regional sales manager, qui met en avant les différentes certifications mais surtout les trois plus importantes normes européennes, Solar Keymark, Avis technique et Cstbat, qui garantissent les produits car les solutions proposées et qui, selon elle, peuvent très bien marcher en Algérie, sont flexibles avec des possibilités d'hybridation. Si la Turquie maîtrise ce pan de la technologie du solaire, en Algérie la cellule photovoltaïque à base de silicium qui équipe les panneaux est importée et c'est pour cela qu'on parle plutôt d'assemblage que de fabrication réelle. Pourtant, «le processus de fabrication des cellules est maîtrisé à 100% depuis déjà 1990», selon Dahmlani Abdelouahab, secrétaire général du Centre de recherche en technologie des semi-conducteurs pour l'énergétique. Auparavant, avant 2012, ce centre se dénommait unité de recherche dans la technologie des semi-conducteurs, puis unité de développement de la technologie du silicium. «En unissant nos capacités, nous pouvons réaliser des merveilles», ajoute le même responsable qui déplore le fait que les entreprises, y compris publiques, comme l'Enie, cherchent le profit immédiat : «Nous avons la technologie et ils ont les budgets. Donc, s'ils investissent dans le domaine de la recherche, nous pouvons très bien avancer ensemble.» La nécessaire collaboration entre les ministères de l'Industrie et de l'Enseignement supérieur est considérée comme étant la seule voie pour espérer augmenter substantiellement le taux d'intégration. Cet aspect est pris en compte dans le programme du Cluster Energie Solaire qui vient d'être créé officiellement en septembre et qui réunit déjà quatre grands fabricants nationaux de panneaux photovoltaïques avec des centres de recherche, en attendant l'entrée d'autres acteurs. Une stratégie est actuellement en phase d'élaboration pour voir comment l'adopter au contexte national marqué aussi par les engagements pris à l'échelle internationale, notamment l'Accord de Paris issu de la Cop 21.