La première semaine de la campagne électorale à l'est du pays a vu une offensive de plusieurs chefs de file. Face à la défection des citoyens et le désintérêt manifeste au scrutin du 23 novembre, ces ténors sont arrivés à la rescousse, usant tantôt d'un discours-slogan, tantôt de la dénonciation, tant leur pari à convaincre les électeurs n'est pas du tout gagné. A priori, la campagne effective n'a pas débuté le 29 octobre dernier. Les panneaux d'affichage sont demeurés vides à plusieurs endroits dans l'ensemble des communes des wilayas de l'Est, selon nos correspondants. Les actions de proximité annoncées auparavant n'ont pas eu lieu. Tous ont attendu le passage des chefs de parti pour ensuite verser dans les actions de proximité, nous a-t-on confié dans plusieurs permanences à Constantine. Et c'est la feuille de route qui s'est mise en place à commencer par les grosses cylindrées, dont le RND. Le Premier ministre a mis sa casquette de secrétaire général du Rassemblement et était hier à Constantine et Sétif. Dans un périple qui l'a conduit la veille à Skikda et El Tarf, Ahmed Ouyahia a usé et abusé d'un discours rodé. Il a jonglé avec les réalités économiques et les réformes mises en chantier par le président de la République, égratignant au passage «tous les adeptes de la transition». En orateur rompu à ce genre d'exercice, il ne perdra pas de vue la nature de la prochaine joute électorale et ses enjeux locaux. D'où son vœu formulé pour «le bon choix des représentants locaux», rappelant dans la foulée le projet de «révision des codes communal et de wilaya pour élargir les prérogatives des élus», soit «la décentralisation et l'amélioration de la participation des communes», a-t-il annoncé à partir de Skikda. Dans cette ville, Amar Ghoul, président de Taj, a été contraint d'annuler un meeting, se contentant d'une rencontre de proximité. Signe, s'il en est, du peu de crédit qu'accorde le citoyen à cette campagne. Les réseaux sociaux se sont emparés de cette dernière pour détricoter les programmes et brocarder les candidats. D'ailleurs les meetings se tiennent dans des salles moyennement remplies, même dans la capitale de l'Est. Certaines formations iront jusqu'à rabattre le public pour avoir un semblant d'assistance. Le citoyen ne semble plus intéressé par le discours politique, ressassé à toutes les occasions. Louisa Hanoune n'a, elle non plus, pas dérogé à la règle. A partir de Guelma, Annaba et Skikda où elle est venue faire campagne pour son parti, la présidente du PT a tenu une diatribe anti-FLN et gouvernement, aux antipodes des enjeux électoraux locaux qui favorisent le pragmatisme au discours politique. Pour sa part, le FLN de Djamel Ould Abbès, huit jours après le lancement de la campagne électorale, n'a pas encore sorti l'artillerie lourde à l'est du pays. Pour l'heure, ce sont d'anciens ministres, dont Boudjemaa Talai, Abdeslam Chelghoum ou encore Abdelmalek Boudiaf, qui sillonnent les wilayas à la rencontre des citoyens. L'ex-ministre de la Santé a prédit, vendredi, à partir de Constantine, que son parti est à même de remporter la majorité des assemblées communales dans un plaidoyer où il a veillé à mettre en avant les projets réalisés du temps où il était wali. Mais là aussi, le citoyen n'a fait montre d'aucun engouement. Il vaque à ses préoccupations quotidiennes sans voir les affiches électorales. Il ne se fait aucune illusion quant à l'issue de cette consultation. Il rejoint ainsi Ali Benflis, président de Talaie El Hourriyet, qui a déclaré ne leur accorder aucun crédit, lors de ses déplacements, mercredi dernier, à Mila et Constantine. Quand bien même son parti y participe.