Ce qui devait être une bénédiction pour les communes est en train de se transformer en malédiction. En 2016, pour compenser le manque à gagner induit par la réduction de la TVA, le gouvernement a cédé «les locaux du Président» aux collectivités locales. Mais cette décision n'a pas atteint les objectifs escomptés. Dans la wilaya de Boumerdès, des centaines de locaux sont loués à moins de 2000 DA/ mois, tandis que d'autres sont inexploités, voire abandonnés par leurs bénéficiaires. Dans la commune de Khemis El Khechna, sur les 180 locaux réalisés, seuls 20 sont exploités. La location de ces biens a généré seulement 1,3 million de dinars de revenus pour l'APC. A Dellys, 50% des locaux destinés aux artisans et les porteurs de projets Ansej, Cnac, et Angem sont fermés. Cela se passe au moment où de nombreux jeunes très dynamiques peinent à trouver un endroit adéquat où lancer ou développer une activité. C'est le cas de Ali (30 ans), un apiculteur, ayant bénéficié d'un crédit Ansej, qui s'est vu contraint de louer un local chez un privé pour y garder son matériel. Dans les localités d'Afir, Benchoud, Naciria, Baghlia, Corso, Issers, Thénia, Béni Amrane…des dizaines de locaux sont saccagés, tandis que d'autres ont été sous-loués par leurs bénéficiaires à des tiers. «J'ai loué à 500 DA/ mois chez quelqu'un qui ne s'est jamais acquitté des frais de location à l'APC», dénonce un coiffeur à Bordj Menaïel. Pourtant l'article 5 du décret exécutif n°06-366 stipule que le contrat doit être suspendu en cas de non-règlement de 3 mois consécutifs de la location. Il est vrai que les locaux en question sont exigus et la plupart ont été réalisés en dehors des périmètres urbains, mais cela ne justifie en aucun cas l'état catastrophique dans lequel ils se trouvent actuellement. «Tout dépend des élus. A Boudouaou, tous les locaux (90) réalisés sont exploités. L'APC a tiré déjà plus de 2,4 millions de revenus de ce patrimoine», dira un cadre de la direction du commerce, qui parle de favoritisme et d'octroi de locaux à des gens qui n'ont aucun métier. Il y a quelques jours, le wali a annoncé «la mise en place d'une commission qui doit établir un rapport détaillé sur la situation des locaux en question». La réaffectation des locaux inexploités et le recouvrement des arriérés de loyers sont devenus plus qu'une nécessité pour augmenter les recettes des communes.