Un nombre de 1 779 362 de patients diabétiques est pris en charge à 100% par la Caisse nationale de sécurité sociale (CNAS) en 2016, dont 32% sont des assurés sociaux et 68% des ayants droit. Ce chiffre communiqué pour la première fois par le directeur général adjoint de la CNAS, le Dr Mahieddine Ouagnouni, lors des travaux du congrès national de la société algérienne de diabétologie et du congrès maghrébin de diabétologie et d'endocrinologie, qui se déroulent depuis vendredi à Alger, renseigne sur l'ampleur de cette maladie en Algérie. Ce chiffre de la CNAS ne représente que la moitié du nombre réel de cas de diabétiques estimée approximativement à 4 millions d'Algériens, soit 10% de la population. Une statistique qui peut être fiable, si on vient ajouter les diabétiques méconnus, puisque toutes les opérations de dépistage ont montré qu'un diabétique sur deux est méconnu en Algérie, et les assurés sociaux de la Caisse nationale de Sécurité sociale des non-salariés (Casnos). Ainsi, les dépenses de la CNAS en 2016 pour les médicaments étaient de 183 milliards de dinars, a précisé le Dr Ouagnouni, dont 46 milliards de dinars pour la prise en charge du diabète, soit 26% de la dépense totale qui est répartie entre les dépenses en médicaments antidiabétiques, avec 71% et 29% des dépenses en bandelettes réactives. Le représentant de la CNAS a tenu à souligner que le diabète est l'affection la plus fréquente des maladies chroniques prises en charge à 100% par la CNAS. Allant dans les détails des coûts de cette prise en charge, le Dr Ouagnouni a précisé que le coût moyen d'une ordonnance de trois mois pour un diabétique de type 2 (non insulino-dépendant) revient entre 7000 et 10 000 DA, dont le traitement comprend un antidiabétique oral, une boîte de bandelettes contre 45 000 à 60 000 DA pour le diabète insulinodépendant, diabète de type 1, avec deux insulines, plus trois à cinq boîtes de bandelettes réactives. A ces traitements s'ajoutent aussi, signale le représentant de la CNAS, les dépenses relatives au coût des séances d'hémodialyse qui avoisine les 638 millions de dinars pour 1896 nouveaux malades hémodialysés durant l'année 2016, dont 36% sont des malades diabétiques. Concernant les produits d'appareillage, la dépense avoisine les 2 milliards de dinars, dont 53% sont destinés aux malades diabétiques, a ajouté le Dr Ouagnouni. Des dépenses qui risquent d'augmenter dans les années à venir, puisque le nombre de diabétiques est en nette hausse, a prévenu le Dr Ouagnouni et d'appeler à l'amélioration de la qualité de la prise en charge des patients diabétiques. Le coût des dépenses pour le diabète connaît déjà une explosion, prévient le Pr Gérard Duru, ex-président de la Société française d'économie de la santé. Une explosion qui s'explique par le dépistage de nouveaux cas de diabète et les complications que peut entraîner la maladie. «Si rien n'est fait, on risque de se retrouver avec des dépenses effarantes, engendrées par un nombre important de diabétiques et avec l'évolution des prix et des tarifs», a indiqué le Pr Duru. Et de signaler que ces coûts affecteront les patients, l'Etat et les assurances, qu'elles soient privées ou publiques. «Si on veut réduire ces dépenses, il est plutôt intéressant d'investir dans des traitements innovants pour prévenir les complications et avoir une meilleure qualité de vie. On peut récolter des gains dans d'autres domaines, en l'occurrence sur les coûts indirects induits par les co-morbidités et la mortalité qui reviennent plus chers que le diabète lui-même. Pour lui, il faut seulement trouver un calcul économique qui justifie un prix juste et démontrer ce qu'il peut épargner au patient. Pour ce faire, le Pr Duru estime qu'il faut opter pour des modèles d'aide à la décision, et c'est là où intervient la pharmaco-économie qui aidera à décider dans quelle direction il faut aller, a-t-il dit. A noter que le nombre d'adultes atteints de diabète dans le monde, selon la Fédération internationale du diabète (FID), est de 425 millions en 2017, un chiffre rendu public à l'occasion de la Journée mondiale du diabète. La FID prévoit donc près de 12% des dépenses de santé mondiale pour la prise en charge de la maladie, soit 727 milliards de dollars.