La désormais «affaire» de la vraie ou fausse rencontre de Mustapha Farouk Ksentini avec le président Bouteflika ne semble pas avoir livré tous ses secrets. L'ex-président de la Commission nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l'homme (CNCPPDH), un des proches du président Bouteflika, réagit au démenti de la présidence de la République qui le qualifiait d'affabulateur. Dans une courte déclaration mais lourde de sens, diffusée par le quotidien arabophone El Khabar, maître Ksentini persiste et signe en maintenant la totalité de ses propos relatifs à l'audience que lui aurait accordée le président Bouteflika et lors de laquelle il aurait abordé avec lui l'actualité politique nationale et la présidentielle de 2019. Me Ksentini ira encore plus loin en doutant de l'identité de celui qui a émis le démenti. «J'ai été surpris, comme tous les Algériens, par le communiqué attribué à la présidence de la République, lequel démentait ma rencontre avec le Président», a affirmé Me Ksentini sur les colonnes d'El Khabar, tout en refusant de polémiquer sur le sujet par respect au chef de l'Etat. «J'ai décidé de tourner la page et de ne plus parler de ce sujet eu égard au respect que je porte au président de la République», a-t-il conclu, lui qui a été accusé dans un communiqué officiel d'avoir fait des déclarations mensongères dans la presse nationale. Par sa réaction, bien que succincte, Me Ksentini a semé le doute sur l'authenticité d'un communiqué qui porte le sceau de la présidence de la République et qui a été diffusé par l'agence officielle APS. En émettant des doutes sur l'origine réelle de ce démenti, Me Ksentini joue gros, en ce sens qu'il relance carrément la question de «qui gouverne en Algérie ?», soulevée par certains partis de l'opposition. Son attitude nous rappelle celle de Abdelaziz Belkhadem qui, après son limogeage en septembre 2014 de son poste de représentant personnel du président de la République, avait exprimé des doutes sur la dépêche APS, en ce sens qu'elle annonçait également son exclusion des rangs du FLN. Une année après, en septembre 2015, c'était un autre ex-secrétaire général du FLN, Ali Benflis, qui douta de l'origine d'un autre communiqué de la présidence de la République mettant à la retraite le chef du département du renseignement et de la sécurité. Juste après, Louisa Hanoune lui emboîta le pas en s'interrogeant sur l'identité de celui qui nommait et dégommait de hauts cadres de l'Etat. La secrétaire générale du PT était allé jusqu'à demander, avec d'autres personnalités politiques et figures historiques, une audience au chef de l'Etat. La réaction de Me Ksentini sonne comme un défi à la présidence de la République. A moins qu'il apporte la preuve de l'inauthenticité du communiqué en question. Ce qui n'a pas été fait jusque-là.