Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un a déclaré, hier, que son pays était devenu un Etat nucléaire à part entière, après avoir testé avec succès un nouveau type de missile capable de frapper n'importe où aux Etats-Unis. Ce tir, le premier effectué par Pyongyang depuis le 15 septembre, anéantit les espoirs que la trêve observée de facto par la Corée du Nord ait eu pour objectif d'ouvrir la porte à une solution négociée à la crise suscitée par ses programmes nucléaire et balistique. La présentatrice favorite du régime nord-coréen, Ri Chun-Hee, est apparue à la télévision officielle pour annoncer ce succès. «Kim Jong-un a déclaré avec fierté que nous avons finalement réalisé notre grande cause historique, l'achèvement d'une force nucléaire d'Etat, la mise au point d'une puissance balistique», a-t-elle dit. «Le grand succès de l'essai de l'ICBM Hwasong-15 est une victoire qui n'a pas de prix, remportée par le grand peuple héroïque» de Corée du Nord. La presse officielle a parlé de l'arme la plus sophistiquée à ce jour. «Le système d'armes de type ICBM Hwasong-15 est un missile intercontinental équipé d'une ogive lourde extra-large capable de frapper la totalité du territoire continental américain», selon l'agence KCNA. D'après Pyongyang, l'engin a atteint une altitude de 4475 kilomètres avant de s'abîmer à 950 kilomètres du site de lancement. Un spécialiste occidental a jugé que sa trajectoire en cloche, à la verticale, suggérait qu'il avait en fait une portée de 13 000 kilomètres, suffisante pour frapper chacune des villes principales des Etats-Unis. Des scènes de liesse ont été observées dans la capitale nord-coréenne étroitement contrôlée, où des habitants se sont réunis devant un écran géant pour regarder les informations. Ce tir a tout d'un défi au président Trump, qui a récemment annoncé de nouvelles sanctions contre Pyongyang et a remis la Corée du Nord sur la liste américaine des Etats qui soutiennent le terrorisme. Le successeur de Barack Obama a appelé hier la Chine à «utiliser tous les leviers disponibles» pour faire plier Pyongyang après le nouveau tir de missile nord-coréen, promettant l'adoption d'«importantes sanctions supplémentaires» dans la journée. «Je viens juste de parler avec le président chinois Xi Jinping à propos des actions provocatrices de la Corée du Nord. D'importantes sanctions supplémentaires seront imposées à la Corée du Nord aujourd'hui. Nous allons nous occuper de cette situation !», a écrit Donald Trump sur Twitter, sans préciser dans quel cadre — américain ou multilatéral — ces sanctions seraient adoptées. Lors de cette conversation téléphonique avec Xi Jinping, Donald Trump a appelé Pékin à «utiliser tous les leviers disponibles pour convaincre la Corée du Nord d'abandonner ses provocations et de retourner sur la voie de la dénucléarisation», a précisé la Maison-Blanche dans un communiqué. M. Trump «a souligné la détermination des Etats-Unis à se défendre et à défendre (ses) alliés face à la menace croissante posée par le régime nord-coréen», poursuit le communiqué.