Les années se suivent, mais la question des droits de l'homme n'évolue toujours pas en Algérie. C'est le constat que font, chaque année, les militants et les activistes à l'occasion de la célébration de la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948. Relevant la contradiction entre les textes de loi en vigueur dans le pays et la pratique, les organisations nationales appellent les autorités à respecter les engagements internationaux de l'Algérie. «Notre Constitution ainsi que les conventions internationales relatives aux droits de l'homme garantissent les libertés collectives et individuelles. L'Etat doit s'en tenir à ses engagements et mettre en œuvre des politiques publiques pour promouvoir les droits de l'homme. Les Algériens sont appelés à les exercer pacifiquement malgré les restrictions et la répression», affirme le président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH), Noureddine Benissad, dans un communiqué rendu public hier. Précisant que les droits de l'homme sont un patrimoine de l'humanité, il appelle les autorités «à lever toutes les restrictions» empêchant l'exercice de toutes les libertés. «Les autorités doivent lever toutes les restrictions et apporter la protection légale pour permettre l'exercice pacifique de manifester, de se rassembler, de s'organiser, d'avoir une opinion et de s'exprimer, de créer, d'entreprendre, d'investir, du culte», ajoute-t-il. La LADDH, précise son président, appelle à cet effet à la libération, à l'élargissement et à l'arrêt des poursuites à l'encontre de toutes les personnes ayant exercé leurs droits politiques : opinion, expression ou culte. Dans la foulée, Noureddine Benissad appelle aussi à la protection des droits économiques, sociaux et culturels. «Il est du devoir de l'Etat d'assurer la justice sociale, de repartir équitablement la richesse nationale, de protéger les personnes les plus vulnérables de la société et d'organiser la solidarité nationale (retraités, handicapés, enfants, notamment mineurs contraints au travail, femmes mères ou seules, chômeurs)», lit-on dans le même communiqué. La LADDH demande aussi la mise en place rapide de tous les instruments et tous les mécanismes prévus par la Constitution en vue de promouvoir la langue maternelle tamazight, la prise en charge des jeunes tentés par l'émigration clandestine et la consécration de l'égalité hommes-femmes. Le président de la LADDH condamne aussi «la décision du président Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale d'Israël en violation du droit international et des conventions internationales relatives aux droits de l'homme». Outre la LADDH, plusieurs organisations ont célébré cette occasion à leur manière. C'est le cas du Collectif des familles des disparus qui a tenté, dans la matinée d'hier, d'organiser un rassemblement devant le Conseil national des droits de l'homme (CNDH) à Alger. Brandissant des pancartes sur lesquelles sont transcrits des slogans demandant «s'il y a des droits de l'homme en Algérie», les membres de ce collectif ont été empêchés de se rapprocher du siège du CNDH.