Le sort de l'APC de Boudjellil, la seule commune à l'échelle nationale où les dernières élections locales n'ont pas pu avoir lieu pour cause de saccage des urnes, reste inconnu. Les autorités ne s'avancent toujours pas sur la possibilité d'organiser une élection partielle pour pourvoir aux sièges vacants. Mais l'Assemblée sortante n'a pas attendu pour reprendre ses fonctions dans ce flou en prolongeant son mandat. Un cas inédit, non prévu par la loi. Avant-hier, l'assemblée communale a siégé à la demande de son président, Oulebsir Mohamed Tayeb, d'obédience RND, qui a convoqué une assemblée générale extraordinaire, qui a surpris tout le monde. Un seul point à l'ordre du jour : adoption du marché de régularisation 01/2017 signé avec Sonelgaz. L'assemblée comprend, outre le seul siège du RND, une majorité de six élus du RCD et 4 élus pour chacun des partis du FFS et du PLJ. Avant-hier, trois élus n'ont pas pris part à l'AG. L'un d'eux, Arezki Nait Atmane, élu du RCD, a décliné l'invitation au motif que, par la force de la loi, le mandat de l'assemblée a expiré le 23 novembre dernier, et par conséquent il n'y a plus d'élus. «Si je siège, je serai un élu illégitime», nous dit-il. Selon lui, l'ordre du jour ne justifie pas ce prolongement de mandat. «Le chef de la daïra aurait pu le faire à son niveau», affirme-t-il. Dans les services de la wilaya, on déclare ignorer la tenue de cette AG. «Il n'y a pas prolongation de mandat, la loi ne le prévoit pas», nous dit-on à la DRAG. L'AG extraordinaire, cautionnée pourtant par l'administration, serait-elle donc illégale ? Les services de la DRAG disent attendre toujours la décision du ministère de l'Intérieur qui devrait désigner un chargé des affaires de la commune en la personne du chef de daïra, de celle du secrétaire général de l'APC ou encore d'un administrateur. Mais, à en croire une source locale à l'intérieur même de l'APC, le chef de la daïra de Tazmalt, dont dépend administrativement la commune de Boudjellil, était présent au siège de l'assemblée communale la matinée de l'AG. Les dérapages survenus le jour du vote du 23 novembre dernier ont, pour rappel, invalidé le scrutin dans la commune de Boudjellil, où aucune opération de dépouillement n'a pu avoir lieu. Les urnes de pratiquement tous les 25 centres de vote ont été prises pour cibles et saccagées après que l'on se soit aperçu d'une manœuvre de fraude dans un bureau de vote, où la pile des bulletins du RND a été posée en double. Débouté après son recours introduit auprès de la chambre administrative, le RND a crié à la fraude et à l'implication «entière de l'encadrement de la commune». Le tête de liste du RND pour l'APW, El Hocine Kerrouche, originaire de la commune, avait affirmé que «le saccage des urnes est préparé depuis des mois». Par cette AG extraordinaire controversée, il n'y a pas de doute que l'administration n'entende pas refaire l'élection. Elle opère ainsi un passage en force et on n'exclut pas que l'on puisse accorder au RND une «compensation» en désignant son élu comme prochain chargé des affaires de la commune.