Le développement du secteur du touristique sur la bande littorale d'Aokas et de Souk El Tenine, à l'est de Béjaïa, est-il compromis ou gelé ? La question taraude les investisseurs et les citoyens de la région. Le wali de Béjaïa, Ouled Salah Zitouni, vient d'adresser une note à ses services où il ordonne de mettre un terme à toute intervention de quelque nature que ce soit dans la zone d'expansion touristique d'Aokas, 34 km à l'est de Béjaïa. Une décision prise après la manifestation de quelques dizaines de jeunes pour dénoncer une atteinte à l'environnement. Ils voient en ce programme de développement touristique une catastrophe écologique puisque des arbres doivent être transplantés et non pas abattus, comme l'explique le dispositif de sauvegarde de l'écran vert du littoral et le cahier des charges auquel sont soumis les opérateurs. De son côté, le directeur du tourisme de la wilaya ne voit pas en cette opération d'aménagement du site une «catastrophe écologique» comme la décrivent les protestataires, qui se sont mobilisés derrière des associations et autres organisations politiques. Pour lui, «il ne s'agit pas de déboisement, mais de transplantation des arbres gênant l'emplacement des projets. D'ailleurs, le nombre d'arbres à transplanter a été estimé par nos services entre 10% à 25% et il y a un nombre infime de vieux arbres à abattre avec la supervision des services des forêts qui sont très sévères à ce sujet». Par exemple, explique-t-il, «dans un lot de 897 arbres, 24 seront transplantés. Dans un autre lot de 98, nous en avons 26, etc.» En 2013, 19 lots ont été attribués, dans cette partie de la zone délimitée par les deux oueds Tabelout et Ouraoussen, à une vingtaine d'investisseurs issus de la région. Mais des voix se sont élevées, parmi les politiques, pour dénoncer une distribution «illégale et déméritée» pour certains investisseurs. A ce propos, le directeur n'écarte pas la possibilité que l'administration puisse commettre des erreurs, mais tout de même, ajoute-t-il, «la commission qui siégeait en 2013 était présidée par le wali (l'ancien) et comportait une trentaine de représentants des autres organismes et services de l'administration dont les Domaines, l'environnement et les services des forêts». Cependant, aucune enquête, confirme-t-il, n'a été ouverte pour le moment pour examiner cette question, comme il a été demandé par les protestataires. Quel sera l'avenir des projets inscrits dans cette ZET ? Le directeur du tourisme, se voulant positif, parle de «gel» et non pas d'annulation définitive du programme de développement touristique de la côte est. Car, dit-il, «le dossier est entre les mains du wali et les autorités centrales qui essayent de trouver un terrain d'entente». Pour rattraper le retard, le wali a exigé des investisseurs, lors d'une réunion en novembre 2015, le lancement des projets touristiques malgré le manque de viabilisation des ZET. Il a juste préconisé alors, pour la forêt qui longe la bande littorale, «la transplantation des arbres afin de sauvegarder l'écran vert qui sépare la mer de la RN9». Aujourd'hui, le wali semble céder à la pression de la rue.
1484 emplois directs compromis Selon l'administration, six lots ont été cédés pour la réalisation d'équipements touristiques, dont quatre hôtels, un complexe et une résidence touristiques et un centre de loisirs. La totalité des investissements engendreront 1484 emplois directs et 7553 lits supplémentaires. L'étude d'aménagement de la ZET a été finalisée et le ministère du Tourisme a procédé à l'établissement du décret d'approbation. Arrivé à la phase d'établissement du permis de construction, le lancement des travaux a été bloqué par des protestataires.