L'association Rassemblement Actions Jeunesse (RAJ) a organisé, ce week-end à Mostaganem, un séminaire sur la migration. Ayant pour thème «Halte au racisme, pour la tolérance, le respect et la dignité des migrants», cette rencontre vise à sensibiliser l'opinion publique sur la gravité de la situation que vivent au quotidien nombre de migrants, à lancer un appel aux autorités pour la prise en charge des réfugiés et à lutter contre toutes les formes de racisme et de discrimination. Près d'une centaine de personnes, entre chercheurs, défenseurs des droits humains, journalistes et acteurs de la société civile ont pris part à cette rencontre pour débattre de diverses thématiques liées à la question de la migration. «Les migrants établis en Algérie vivent dans des situations très difficiles et sans prise en charge. Lorsqu'ils ne sont pas exposés à des expulsions parfois arbitraires, au mépris des droits humains, ces migrants et ces réfugiés sont victimes de violences racistes», déplore l'association RAJ. La rencontre organisée en partenariat avec AISA ONG, à l'occasion de la Journée internationale des migrants, est également une occasion pour évoquer le drame des harraga disparus en mer, laissant leurs familles dans la détresse. «Ceux qui ont pu rejoindre la rive nord de la Méditerranée éprouvent des souffrances dans les centres d'internement», alerte l'association, qui tire la sonnette d'alarme sur la vente aux enchères de migrants subsahariens en Libye. Plusieurs communications sont au menu : Les droits des migrants dans la législation algérienne et la compatibilité de cette dernière avec les conventions internationales que l'Algérie a ratifiées et la lutte contre le racisme. Aïssa Kadri, professeur émérite des universités, sociologue et directeur de l'Institut Maghreb-Europe, université Paris 8, a présenté une communication sur «Les nouvelles migrations et les questions qu'elles posent aux Etats-nations dans le contexte de la globalisation». «Il faut bien encadrer le thème de la migration, qui est victime souvent des raccourcis. Aujourd'hui, on est confronté à une vague migratoire dont la densité n'a pas été enregistrée depuis la Seconde Guerre mondiale. En Algérie, on ne fait pas de distinction entre les réfugiés climatiques, économiques ou politiques, ce qui n'aide pas vraiment à trouver des solutions, du moment que le phénomène demeure mal cerné», a souligné M. Kadri, qui déplore le fait que les migrants soient victimes des «addictions des étiquetages» ou des stéréotypes, tels que maladie, trafic de drogue et viol, qui sont collés dans leur dos. Me Noureddine Benissad, avocat et président de la LADDH, a, quant à lui, passé en revue la loi 08/11 régissant la présence des étrangers en Algérie et sa compatibilité avec les conventions internationales ratifiées par l'Algérie. «L'Algérie ratifie ces derniers temps toutes les conventions mondiales. Toutefois, il n'y a pas d'administration ni de cadre juridique pour les droits des migrants et la loi ne prévoit pas des accès à la justice et à l'éducation. Aussi, parfois les juges expulsent des réfugiés. Or, ce n'est pas dans les prérogatives d'un juge d'expulser quiconque», affirme-t-il. «Pour se défendre, le migrant a 48 heures pour faire un recours, mais il n'a pas le droit d'avoir un avocat, ce qui minimise ses chances d'avoir gain de cause. Par ailleurs, le migrant n'a pas accès à la nationalité, à l'emploi, à un acte de naissance, en somme, à rien qui fasse de lui un citoyen», déplore-t-il. Noureddine Benissad estime que «dans la théorie, l'Algérie donne l'impression de respecter les conventions internationales, mais dans la pratique, rien n'est respecté». La première journée du séminaire s'est conclue avec la diffusion d'une vidéo relatant le combat de AISA ONG, qui vient d'obtenir une grande victoire sur le plan international : les Nations unies ont proclamé l'institution d'une Journée mondiale du vivre-ensemble, qui sera célébrée le 14 mai de chaque année. L'association RAJ organise également une campagne de sensibilisation sur les ondes de sa webradio (Voix de jeunes) contre le racisme à l'égard des migrants.