A la veille de la célébration de l'anniversaire de la déclaration universelle des droits de l'homme, les subsahariens en situation irrégulière en Algérie survivent dans des conditions misérables. Fuyant leurs pays d'origine à cause des détresses sociale et sécuritaire, ces hommes et ces femmes vulnérables, comme tout migrant clandestin, errent dans les rues d'Alger et d'ailleurs. Certains se livrent à la mendicité pendant que d'autres se font exploiter et travaillent au noir. Mais ces derniers jours, notamment depuis la bagarre nocturne avec les habitants d'une cité algéroise, la polémique autour de leur présence en Algérie enfle. Ils sont même maltraités par certains responsables qui, pourtant, ne ratent aucune occasion pour appeler les pays occidentaux à respecter les Algériens qui y vivent irrégulièrement, soit qui se trouvent dans la même situation que les Subsahariens en Algérie. Farouk Ksentini, le président de la Commission nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l'homme (CNCPPDH), un organisme relevant des services de l'institution présidentielle, a tenu des propos graves, à la limite du racisme, contre ces migrants. «Nous sommes exposés au risque de propagation du Sida ainsi que d'autres maladies sexuellement transmissibles à cause de la présence de ces migrants», a-t-il déclaré. Pour lui, «la présence des migrants et des réfugiés africains dans plusieurs régions du pays peut causer plusieurs problèmes aux Algériens». Des déclarations qui ont choqué plus d'un, surtout que les organisations de défense des droits de l'homme appellent à la protection de ces migrants et au respect des engagements internationaux que l'Algérie a ratifiés en la matière. La directrice d'Amnesty internationale Algérie, Hassina Oussedik, estime que les migrants subsahariens qui sont en situation «extrêmement fragile» doivent être protégés par l'Etat. «Malheureusement, on a vu des réactions accusant ces migrants de toutes sortes de maux de la société», regrette-t-elle, poursuivant qu'il est de la responsabilité de l'Etat de les protéger soit en les régularisant soit en les faisant revenir dans leurs pays dans de bonnes condition. Pour elle, les embarquer dans des bus n'est pas la meilleure réponse à la situation. Jeudi dernier, près de 1400 migrants ont été arrêtés sur décision du wali d'Alger dans plusieurs quartiers de la capitale, dont un grand nombre du quartier de Bouchebouk, dans la commune de Dely Ibrahim, selon un communiqué de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH), aile Noureddine Benissad. «Des enfants, des femmes enceintes, des personnes malades, migrants en situation irrégulière, demandeurs d'asile et réfugiés, se retrouvent tous victimes de cette opération de rétention dans des conditions de vie désastreuses et indignes», dénonce la Ligue, évoquant une imminente opération d'expulsion. La LADDH considère qu'en agissant ainsi, les autorités algériennes ont bafoué les normes internationales relatives au droit des réfugiés, demandeur d'asile et de migrants. Elles portent aussi atteinte aux droits des femmes et des enfants. «La LADDH s'indigne contre la gestion policière exclusive de la question migratoire en Algérie. Elle rejette cette politique non assumée à l'égard des migrants qui consiste à les exploiter pour des considérations économiques en violation de la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leurs familles, à les stigmatiser et à les pourchasser pour les expulser quand le besoin ne se fait plus sentir», a poursuivi l'organisation. Même son de cloche chez la deuxième aile de la LADDH conduite par Salah Dabouz. «L'embarquement des réfugiés à cause de leur appartenance aux pays du Sahel, leur conduite dans des centre de transit inadaptés et le transfert d'autres groupes vers la frontière pour extradition est un comportement immoral et contraire aux valeurs universelles des droits humains en général et des droits des migrants en particulier, que l'Algérie s'est engagée à respecter», souligne-t-il dans un communiqué.