Détenant la majorité absolue des sièges de l'APC de Constantine, à l'issue des élections locales du 23 novembre dernier, le FLN a actionné hier le rouleau compresseur, lors de la première session ordinaire tenue à l'Hôtel de Ville. Comme dans une confrontation à sens unique, le match a été plié en 37 minutes, où le vieux parti unique a accaparé la majorité des postes de vice-présidents, des commissions, des délégations urbaines et même des annexes administratives. Lors d'une réunion présidée par le nouveau P/APC, Nadjib Arab, avec un seul point inscrit à l'ordre du jour, les postes de vice-présidents sont revenus à des noms du FLN bien connus déjà des Constantinois, à savoir Ali Mechaâr (P/APC de 2004 à 2007), Abdelhamid Chibane (P/APC de 2007 à 2012), ainsi que Mohamed-Saïd Derrouiche et Safinez Aouiche. Le premier s'est vu confier la commission de l'investissement, alors que le second a été chargé de celle de la santé et de l'environnement. La commission de l'éducation et des affaires culturelles sera présidée par Salah-Eddine Mezioud, alors que celle des affaires sociales est revenue à Safinez Aouiche. Le FLN a donc fait preuve de «générosité», en concédant au RND certaines commissions, à l'image de celles du recouvrement de la fiscalité, du développement, des moyens généraux, mais surtout celle du patrimoine, où l'on retrouve le comédien Hakim Dekkar. Le FLN a décidé en revanche de jouer tout seul sur le terrain des délégations urbaines, qui seront dirigées par ses élus, sauf celle de Zouaghi, qui a été confiée à un élu d'El Islah. Le FLN s'est aussi adjugé à lui seul toutes les commissions-clés, à l'exemple de celle des marchés et des appels d'offres, qui seront désormais présidées par le P/APC. La nouveauté sera également au niveau du fameux comité municipal des activités culturelles, qui sera lui aussi sous la coupe directe du maire, assisté de Abdelhamid Chibane et Hakim Dekkar. La logique électorale, qui a donné le FLN vainqueur avec une majorité confortable lors des élections du 23 novembre dernier, en dépit de toutes les contestations contre le recours au bourrage des urnes, a été finalement respectée. Hier, la session s'est déroulée dans une sérénité factice. Les propositions du P/APC ont été adoptées à l'unanimité. Il n'y avait même pas une seule voix contre. La seule intervention dans «le camp des minoritaires» a été celle de Nabil Boussbaâ, élu du RND, qui s'est interrogé sur les choix des commissions, estimant que le RND a été délibérément exclu. Répondant du tac au tac, le P/APC a déclaré que ces décisions sont le résultat des consultations menées avec les responsables des deux partis concernés (El Islah et le RND). Rien de plus. Autrement dit, les jeux étaient déjà faits depuis longtemps. Derrière ce consensus qu'on doit à la «générosité» du FLN, se profile l'ombre de l'Administration, précisément la main du wali. Mais maintenant que le dernier épisode de l'élection est achevé, cette nouvelle assemblée n'a plus d'excuses pour retarder sa descente sur le terrain.