Il y a quelques mois, un quadragénaire tue son frère à coups de fusil à cause d'un litige foncier dû à une erreur commise par les services du cadastre. Cela s'est passé à Afir, à 60 km à l'est de Boumerdès, une commune qui vit une effervescence sans précédent depuis quelques mois à cause «des anomalies relevées dans le travail de cadastrage du foncier de la localité». Avant-hier, plus de 300 personnes ont observé un sit-in devant le siège de la daïra de Dellys, avant d'improviser une marche vers le tribunal de la ville pour exiger «l'arrêt de l'opération cadastrale entreprise depuis 2013 dans la municipalité et l'annulation des plans et des actes de propriété établis jusque-là». Halte au massacre ! Défaillance cadastrale = trouble social et sécuritaire, lit-on sur les banderoles brandies pour la circonstance. «C'est un travail bâclé qui a été fait en violation du décret 76/62 du 25/03/1976 relatif au cadastre. 50% du foncier de la commune est classé inconnu. Il y a eu non seulement chevauchement des îlots avec changement des noms des propriétaires, mais aussi de graves erreurs dans la forme et la superficie des parcelles. Les plans du cadastre ont semé la fitna dans notre région, car tout a été fait par un employé de la direction du cadastre de la wilaya à partir de son bureau en se contentant d'images satellitaires et des plans de l'urbanisme, alors que cela nécessite de véritables enquêtes en associant la population et certains services de l'Etat», dénonce un manifestant. Selon lui, de nombreuses familles de la région se sont vu attribuer des terrains qui ne leur appartiennent pas, précisant que celles qui sont lésées ont recouru à la justice après des confrontations avec d'autres. Une délégation, représentant ces derniers, a été reçue par le procureur de la République près du tribunal susmentionné. «Il nous a dit que le problème ne relève pas de son autorité, en insinuant que le wali pourrait suspendre l'opération cadastrale des sections en cours ou annuler tout le travail entrepris au niveau de la commune», précise un des porte-parole des protestataires. Dans leur plateforme de revendications, les manifestants réclament que l'opération cadastrale soit refaite dans de meilleures conditions avec davantage de sérieux et d'efficacité, et ce, conformément aux lois en vigueur. A noter enfin que de nombreuses autres opérations cadastrales, à l'instar de celles effectuées à Timezrit, Ammal, Beni Amrane et Keddara, ont été décriées par les populations en raison de leur non-conformité avec la réalité.