Augusto Pinochet a fini sa vie sans jamais répondre devant la justice pour les accusations de meurtre et de torture pesant sur lui, ont regretté hier les deux principales organisations internationales des droits de l'homme, déplorant les lenteurs de la justice. Pour Amnesty International, basée à Londres, la mort de l'ancien dictateur chilien Augusto Pinochet devrait servir de « sonnerie » aux gouvernements, leur rappelant l'importance des procédures judiciaires rapides en cas de crimes contre les droits de l'homme. « Sa mort ne doit pas signifier la fin de l'histoire », a estimé une porte-parole d'Amnesty, appelant les autorités chiliennes à poursuivre enquêtes et procédures à l'encontre d'autres responsables impliqués dans des milliers de cas de disparition, de torture et d'exécution durant le régime Pinochet de 1973 à 1990. L'organisation Human Rights Watch, basée à New York, espère que le parcours de Pinochet constituera malgré tout un avertissement aux dictateurs, en montrant que les atteintes aux droits de l'homme ne peuvent plus être commises en parfaite impunité. Même si Pinochet n'a jamais comparu devant un tribunal, le directeur pour les Amériques de Human Rights Watch, Jose Miguel Vivanco, a estimé que l'arrestation du dictateur en 1998 en Grande-Bretagne l'avait au moins « mis dans le box des accusés du tribunal de l'opinion publique internationale ». « L'arrestation a été le début de la fin pour Pinochet et le commencement d'un effort pour amener devant la justice les plus grands violateurs des droits humains », a déclaré M. Vivanco. « Pinochet a passé ses dernières années à se défendre contre une toile de plus en plus dense de procédures au Chili et il est mort profondément discrédité dans le pays qu'il avait un jour gouverné », a-t-il argué. Pinochet avait été arrêté à Londres à la demande du juge d'instruction espagnol Baltasar Garzon, qui l'accusait de crime, génocide, terrorisme et torture, se basant sur les dénonciations de familles d'Espagnols disparus au Chili pendant la dictature. Le gouvernement britannique, pour des raisons de santé, avait finalement refusé de l'extrader vers l'Espagne et il était reparti vers le Chili en mars 2000.