Environ 2000 étudiants de l'Ecole normale supérieure (ENS) ont marché, hier matin à Constantine, en signe de protestation contre une nouvelle disposition introduite dans le contrat d'engagement qui lie l'étudiant à son futur employeur, le ministère de l'Education nationale. Cette marche imposante est un point d'orgue d'une grève qui entame sa septième semaine, ponctuée par des sit-in devant les portails des écoles, y compris de nuit. Ceci face au silence total du ministère de l'Enseignement supérieur et celui de l'Education nationale, les deux tutelles de cette école. Les marcheurs brandissaient des pancartes avec le chiffre 4, certains le bras levé vers le ciel formaient ce chiffre avec les doigts pour signifier leur désapprobation de la clause n°4 de ce contrat. Une clause qui, contrairement aux anciens contrats, ne précise pas que le nouveau contractuel est embauché dans la même wilaya de résidence, nous explique Yacine, un étudiant de quatrième année en histoire-géo. Questionné par El Watan, ce jeune meneur exprime au nom de ses collègues la crainte d'éventuelles affectations éloignées des lieux de résidence et le rejet catégorique de tout changement qui remettrait en cause l'ancienne disposition qui garantit un emploi dans les limites de la wilaya. Dans un communiqué remis à El Watan, les grévistes expliquent que les conséquences de ce «manquement» de la part du ministère employeur sont apparues dès le début de cette année puisque «des dizaines de diplômés de l'ENS n'ont pas été embauchés dans leur lieu de résidence et beaucoup n'ont pu trouver de poste, ni dans leur wilaya ni ailleurs. Ceci, en plus du fait que les deux ministères de tutelle ont procédé à des modifications dans la clause n°4 du contrat soumis aux étudiants de première année sans les en avertir et sans leur fournir une copie de ce contrat comme il est d'usage». Affichant beaucoup de détermination, les étudiants de l'ENS Assia Djebar (université Constantine 3) criaient le nom de Nouria Benghabrit, interpellant directement la ministre de l'Education nationale pour revoir cette clause et rappelant au gouvernement que leur cas est prioritaire. Les protestataires avaient tenté d'organiser cette marche voilà une semaine, avant d'être empêchés violemment par la police et confinés dans l'enceinte de l'annexe de l'école, située sur le plateau de Mansourah. Hier, ils étaient beaucoup plus nombreux et avaient préparé intelligemment leur mouvement prenant par surprise les services de sécurité. Se déplaçant par petits groupes et dans la discrétion, ils ont fait irruption sur la place Colonel Amirouche où ils ont fait jonction pour traverser ensuite la rue Abane Ramdane, débouchant sur la place des Martyrs dans un brouhaha impressionnant, avant d'emprunter le pont Sidi Rached et monter au Mansourah où ils ont rejoint une deuxième marche.