Implanté à Relizane, le méga-complexe textile entrera en production vers la fin de cette année. Situé sur les abords de la RN90 et tout près de la pénétrante de Mostaganem, une double voie en cours de réalisation, le mégacomplexe intégré du textile est sans conteste le pôle le plus attractif du parc industriel créé au niveau de l'immense étendue dite Gaa, un périmètre dans la commune de Sidi Khettab, sis au nord du chef-lieu de la wilaya de Relizane et connu pour son taux de salinité élevé. C'est en fait un investissement, conclu selon la règle des 51/49%, conduit par la société mixte algéro-turque Tayal, détenue par des actionnaires composés des entreprises publiques Confection et habillement (30%) et de Texalg (21%) pour la partie algérienne. Les 49% restant du capital sont détenus par la société turque Intertay, filiale du groupe turc Taypa. «Nous sommes décidés à relever le défi de la concurrence, même si nous sommes très proches des capitales de la mode, comme Paris, Milan, Barcelone et autres», a affirmé, M. Toprak, le directeur du complexe. En effet, le climat régnant dans l'enceinte du site dénote de la rigueur et de la discipline. Rien n'est laissé au hasard. Chaque mètre carré est exploité dans la rationalité et dans une harmonie parfaite entre le bâti et les espaces verts. «Nous avons pensé à tous les facteurs pouvant rehausser la rentabilité, dont le milieu environnant», a noté un cadre de l'entreprise réalisatrice, Astay. «Nous sommes au seuil de l'achèvement des travaux de la première phase qui s'étale sur une superficie de 100 hectares sur un total de 250 ha consacrés au complexe», a souligné ce cadre. Cette première phase concernera la réalisation d'un schéma de production intégré depuis l'achat de la matière première (coton et/ou autres composants de fibre) en passant par les différentes étapes, comme la filature, le tissage, la teinture, le finissage et la confection. Pour la capacité de production annuelle durant cette phase en matière du textile, on apprend qu'il est question de 30 millions de mètres linéaires de tissu destinés à la confection des jeans, de 14 millions de mètres linéaires de tissu pour les chemises et 3200 tonnes d'étoffes de bonneterie. «Au volet de la confection, on prévoit d'atteindre annuellement 12 millions de pièces jeans, 6 millions de pièces chemises et 12 millions pièces pour la bonneterie. Cette performance sera produite par 10 000 employés qui seront progressivement recrutés, formés et perfectionnés dans l'enceinte même de l'usine», précise-t-on. En parallèle des huit ateliers de production de cette première phase, les concepteurs du complexe ont également prévu des unités annexes. Ainsi, il est question d'une centrale d'énergie (électricité et vapeur) d'une puissance de 35 mégawatts. Les premiers tests de cette source d'énergie ont été concluants, selon les responsables. Les eaux usées de l'usine seront aussi traitées au niveau de la station d'épuration conçue pour traiter 10 000 m3/jour. «Veiller sur l'environnement reste l'une de nos grandes préoccupations», a précisé un cadre d'Astay. En plus d'un bloc administratif qui pourra accueillir 200 personnes et des sites d'hébergement pour pas moins de 2000 employés, le complexe est aussi doté d'un centre de formation pour 700 stagiaires pour chaque cycle. «Nous avons réuni tous les atouts pour booster la compétitivité», a souligné le directeur général qui précisera qu'à la finalisation du projet, 60% de la production seront destinés à l'exportation. Ainsi, dans ce puzzle des usines qui émergent dans cette zone longtemps abandonnée, ce pôle industriel contribuera certainement au développement de l'économie nationale qui se projette dans la diversification. Ce site industriel permettra aussi, par son modèle de production intégrée, de propulser l'Algérie au rang des pays ayant acquis une renommée en matière de textile et offrira aux produits «made in Algeria» toutes les opportunités d'accéder aux marchés internationaux. Supposé être le plus grand site de production du textile en Afrique et dans le bassin méditerranéen, cet investissement, dont le capital social s'élève à 23 milliards de dinars, sera aussi une référence pour la relance et la redynamisation du secteur du textile et de l'habillement en Algérie et l'entraînera dans le club des grands pays exportateurs du textile et du prêt-à-porter. Tels sont les grands objectifs de ce partenariat algéro-turc. Ceci dit, les autorités locales, conscientes du caractère stratégique de ce complexe, ont mis les bouchées doubles pour sa réussite. «Nous avons accordé toutes les facilitations à cet investissement», a souligné Kharchi Abdelhalim, directeur de l'industrie et des mines de la wilaya de Relizane, qui a précisé que le complexe a bénéficié d'une autorisation pour la réalisation de quatre forages et a aussi profité d'une conduite de 20 kilomètres linéaires pour assurer l'acheminement des 10 millions litres/jour utiles pour son fonctionnement. Ce mégaprojet pourra aussi, selon un cadre universitaire, inciter à la culture du coton dans la région. «Le grand besoin de cette usine en la matière ne pourra que pousser vers la renaissance de cette plante disparue de la nomenclature des agriculteurs depuis des années», a-t-il noté.