«Il ne peut y avoir de développement humain et durable sans l'institutionnalisation de la pratique de l'évaluation et sa consécration par une loi-cadre qui la place au cœur des politiques publiques». Cet appel émane de l'association algérienne pour l'Evaluation des politiques publiques (EPP) EvalDZ nouvellement créée. Agréée par le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales en qualité d'association nationale à caractère professionnel et scientifique (agrément du 15 novembre 2017), ce dernier-né du Réseau EvalMena, qui regroupe sept autres organisations homologues (deux en Egypte, une au Liban, une en Jordanie, une en Palestine, une en Tunisie et une au Maroc), a inscrit dans son programme adopté hier à l'issue de sa première Assemblée générale ordinaire (AGO) tenue à l'Institut supérieur de gestion et de planification (ISGP) une série d'actions pour promouvoir la pratique d'évaluation. Il s'agit entre autres du lancement d'un site web, la formation des prestataires pour assurer cette mission qui nécessite de l'expertise, l'encadrement, la certification et la mise en place de règles de déontologie. Il s'agit aussi, selon Mohamed Bouchakour, président de l'association, de diffuser et faire connaître les résultats des rapports déjà rendus publics et de commencer à travailleur sur certains dossiers. Notre interlocuteur, rencontré à l'issue de l'AGO, citera à titre illustratif l'évaluation du plan anticancer et les différents dispositifs de lutte contre le chômage. Mais faudrait-il généraliser par la suite cette évaluation de manière « à ce qu'elle devienne elle-même une politique publique». Pour cela, la mise en place d'un cadre juridique s'impose, comme souligné dans l'appel d'EvalDZ dont les animateurs sont pour la majorité issus du monde l'enseignement supérieur et de la recherche. Des membres qui ne manquent pas d'afficher leur disponibilité à travailler dans un cadre de concertation pour arriver à des résultats fiables. Et ce, d'autant qu'actuellement, peu de travaux sont faits dans ce cadre «avec des initiatives éparses et irrégulières et de qualité très inégale pour ne pas dire aléatoires», nous précisera M. Bouchakour. Pour ce dernier, l'exercice d'évaluation est réduit à des bilans d'exécution focalisés sur les réalisations physiques et financières, ou à des opérations d'inspection ou d'audit. «Le tout assorti de commentaires et de préconisations pragmatiques, d'orientations», alors que les avantages des EPP sont bien nombreux tant aux plans économique que politique. L'EPP abordée selon les critères de l'efficacité et de l'efficience est en effet un moyen de programmation qui offre la possibilité de surveiller et d'alerter par rapport aux risques et imprévus au moment de la mise en œuvre opérationnelle. De même qu'elle assure transparence et redevabilité vis-à-vis des contribuables et des bailleurs de fonds. Elle génère aussi, selon M. Bouchakour, par son instrumentation un effet structurant fort sur la qualité de la gouvernance. Un élément nécessaire particulièrement en cette période de crise.