La levée de boucliers en Afrique contre les propos «insultants» tenus la semaine dernière par le président américain à l'égard de pays du continent africain a finalement servi à quelque chose. Sous la pression, l'ambassadrice américaine à l'ONU, Nikki Haley, a fini par exprimer, jeudi, ses regrets auprès des ambassadeurs du groupe africain. Selon l'ambassadeur de Guinée équatoriale, Anatolio Ndong Mba, c'est à sa propre demande que Nikki Haley a rencontré les ambassadeurs africains auprès des Nations unies qui avaient publié, le 12 janvier, un communiqué au langage très dur, exigeant au président américain des excuses pour ses propos «racistes» prononcés il y a une semaine lors d'une réunion à la Maison-Blanche. Des propos au cours desquels Donald Trump avait notamment qualifié Haïti et les pays africains de «pays de merde».Anatolio Ndong Mba a précisé à ce propos que l'ambassadrice américaine n'a pas présenté d'excuses lors de cette rencontre à huis clos, mais a exprimé seulement ses regrets. Il a indiqué que Nikki Haley a expliqué aux ambassadeurs qu'«elle n'était pas à la Maison- Blanche, elle n'était pas sûre de ce qui s'y est dit, mais qu'elle regrettait toute cette situation». Bien qu'ayant apprécié le geste et la rencontre «amicale» avec la représentante des Etats-Unis, les Africains ont tout de même fait comprendre qu'ils attendaient plus de Washington. L'ambassadeur de Guinée équatoriale a indiqué que le groupe africain a «fait une recommandation» à Nikki Haley afin d'apaiser les tensions. Dans cette recommandation, il s'est dit souhaiter que M. Trump envoie un message d'amitié aux dirigeants africains lors de leur prochain sommet à Addis-Abeba en signe de bonne volonté. Mme Haley aurait promis de la transmettre à Donald Trump. 78 ambassadeurs américains écrivent à Trump La sortie du président américain n'a pas outré que les Africains. Des diplomates américains n'ont également pas apprécié le regard porté par Donald Trump sur le monde et en particulier sur l'Afrique. D'anciens ambassadeurs des Etats-Unis dans des pays africains, au nombre de 78, sont même allés jusqu'à prendre l'initiative de lui adresser, le 16 janvier, une lettre dans laquelle ils lui demandent de réévaluer ses opinions au sujet de l'Afrique. Parmi les 78 signataires, figure Robert Ford, ambassadeur des Etats-Unis à Alger de 2006 à 2008, mais aussi Gordon Gray, ancien ambassadeur à Tunis, et Franck Wisner, ancien chef de mission au Caire. Les 78 diplomates anciennement en poste dans 48 ambassades américaines en Afrique ont tenu en outre à exprimer leur «profonde préoccupation concernant (…) les récentes remarques sur les pays africains et attester de l'importance des partenariats avec la plupart des (…) pays africains». Les signataires de la lettre en question ont tenu à rappeler à l'occasion que «l'Afrique est un continent doté d'un grand talent humain et d'une riche diversité, ainsi que d'une beauté extraordinaire et de ressources naturelles presque inégalées. C'est aussi un continent avec des liens historiques profonds avec les Etats-Unis». Des liens qu'il convient, disent-ils, de sauvegarder. «Nous savons qu'un engagement respectueux envers ces pays est essentiel à la protection de nos propres intérêts nationaux», écrivent les 78 diplomates, précisant que «les Etats-Unis sont plus sûrs, plus sains, plus prospères et mieux équipés pour résoudre les problèmes auxquels l'humanité est confrontée, lorsque leur pays travaille avec ses partenaires africains qui les écoutent.» Ces ambassadeurs ont conclu leur message par un souhait : «Que le président des Etats-Unis réévalue son point de vue sur l'Afrique et ses citoyens et reconnaisse les contributions importantes que les Africains et les Afro-Américains ont apporté à l'Amérique, à son histoire et aux liens durables qui les lient toujours à l'Afrique.» Visiblement, leurs conseils ne sont pas tombés dans l'oreille d'un sourd.