Tout comme les médecins résidents, les anciens contractuels de l'Armée nationale populaire en colère ont investi la rue pour la énième fois la semaine dernière. Sans surprise, ils ont été empêchés d'entrer à Alger. Ils ont tout de même réussi à faire réagir le ministère de la Défense, qui a publié un communiqué virulent, mais considéré à l'unanimité comme incompréhensible et flou quant aux revendications des protestataires. Mais concrètement, qui sont-ils ? Quelles sont leurs revendications ? Et ont-ils eu des réponses claires dans le communiqué du MDN ?En fait, ces anciens militaires ont presque servi durant la décennie noire et quitté les rangs de l'ANP pour des raisons diverses, dont essentiellement des accidents du travail ayant causé une invalidité et une fin de contrat ou sa résiliation pour des mesures disciplinaires. Il existe également les rappelés et les soldats mobilisés durant la période noire ainsi que les appelés du service national ayant accompli plus que la durée reconnue du service national. Ils sont dénommés les appelés retenus 18+6. Pour chacune de ces catégories, des demandes bien précises se rejoignent toutes sur une revendication commune : avoir droit à une retraite décente ou une retraite militaire tout court. Pour les anciens rappelés et les radiés de l'armée nationale, en plus de demander la pension d'invalidité et la retraite militaire, ils réclament également la réactualisation du registre des maladies professionnelles afin d'éviter le rejet des dossiers vu que certaines atteintes physiques et/ou morales n'y sont pas inscrites, la régularisation de leur situation avec effet rétroactif depuis la mise en application de l'arrêté ministériel n°202/2011, la prise en charge médicale de tous les radiés de l'armée nationale pour des raisons d'invalidité subie durant l'exercice de leurs fonctions au sein de cette haute institution de l'Etat et la régularisation de la pension familiale et de la femme au foyer avec effet rétroactif également. Le collectif des invalides radiés de l'armée, qui compte aujourd'hui près de 800 anciens militaires, considère que sa catégorie est mise aux oubliettes. Ils sont doublement lésés dans leurs droits étant donné que le montant de la pension d'invalidité est très dérisoire — elle ne dépasse pas les 15 000 DA — et ne peut suffire aux besoins d'une personne seule, encore moins à une famille. De plus, l'invalidité étant mentionnée dans leur dossier, les employeurs y trouvent un prétexte fort pour ne pas les recruter. Ils sont également privés de la retraite militaire. Il en est de même pour les radiés pour des mesures disciplinaires ou encore les rappelés et les retenus au service national 18+6. «Nous avons pris attache avec le MDN juste après la divulgation du communiqué et on nous a assuré que nous n'étions pas ciblés. Toutefois, personne ne nous a donné des informations sur ce qui va être entrepris pour régulariser notre situation. La colère des radiés est toujours intacte et nous faisons notre possible pour la recadrer dans l'attente de rencontrer les responsables au sein du ministère de tutelle et avoir des réponses claires contrairement à ce communiqué», déclare Midoune Mustapha, délégué à la Coordination nationale des radiés de l'ANP, qui avoue la présence de retraités de l'armée qui ne sont pas lésés mais qui ont profité de ce mouvement de colère pour avoir des droits supplémentaires tels que le logement ou autre. Une chose est sûre, la situation de flou que vivent ces catégories ne cessera de générer des mouvements de protestation sauf si une prise en charge globale, réelle et définitive de leurs demandes est appliquée par le ministère de la Défense. Pour rappel, ce dernier avait déclaré dans son communiqué que la majorité des dossiers étaient traités et qu'une manipulation est derrière cette protesta.