Les partis politiques rencontrent des difficultés pour réunir des candidats pour le scrutin du 6 mai 2018, destiné à élire les membres des 365 conseils municipaux. Les candidatures doivent être déposées entre le 15 et le 22 février courant. L'approche du 15 février, date d'ouverture du dépôt des candidatures pour les élections municipales, met de la pression sur les partis et les alliances politiques, qui comptent se présenter auxdites élections. En effet, au vu du nombre des circonscriptions, annoncées par chacun des partis politiques, où ils vont se présenter pour les municipales, il s'affirme, de plus en plus, qu'aucun des partis, même pas les islamistes d'Ennahdha ou Nidaa Tounes, n'a prévu de listes pour la totalité des 365 circonscriptions municipales. Pourtant, tout le monde a ouvert ses listes aux militants et aux organisations de la société civile. «Ce n'est pas facile de réunir près de 7500 candidats», a affirmé le député de la région de Nabeul du bloc nationaliste, Walid Jalled, ex-Nidaa Tounes, aujourd'hui dans la majorité gouvernementale. La classe politique tunisienne considère décisif le rendez-vous électoral du 6 mai prochain, dans la mesure où il définira les grandes lignes de la recomposition du paysage politique national à l'aube des élections législatives et présidentielle prévues fin 2019. «Ce sera un suffrage de fin de mandat, équivalent au bilan des élus de l'exercice en cours», poursuit Walid Jalled. En d'autres termes, les élections du 6 mai vont décider de la place que les partis politiques auront à occuper, à peu de choses près, dans la Tunisie 2019-2024, toujours selon Jalled. «Les municipales annonceront les ambitions et leurs résultats traduiront le potentiel électoral de chacun de ces partis», conclut-il. La situation est d'autant plus difficile que les sondages d'opinion annoncent un taux très élevé d'abstention, avoisinant les 60%, aussi bien chez les jeunes que les autres catégories d'âge. Tout le monde redoute une désaffection générale vu le constat de rupture déjà consommée entre les Tunisiens et les acteurs politiques post-révolution, dans la mesure où la majorité écrasante des citoyens est convaincue que l'élite post-révolution n'est pas à même de réaliser ses revendications, plus particulièrement le droit à l'emploi et à l'intégration sociale. «Donc, ces élections municipales n'entrouvrent pas d'horizons sur de nouveaux espoirs à travers le pouvoir local, promis par la Constitution de 2014», pense le président du bloc nationaliste, Mustapha Ben Ahmed. Des attentes et des difficultés Les islamistes d'Ennahdha ont affirmé, l'été dernier, lorsque les municipales étaient prévues en décembre 2017, que 50% de leurs listes sont prévues pour des indépendants. Avec cela, et malgré la forte capacité de mobilisation chez les islamistes, le quartier général d'Ennahdha n'a pas encore annoncé la capacité du parti à se présenter dans les 365 circonscriptions municipales. Du côté de Nidaa Tounes, les choses sont plus compliquées dans la mesure où le parti fondé par le président Béji Caïd Essebsi rencontre des problèmes internes. Trois autres partis (Machrouaâ Tounes de Mohsen Marzouk, Béni Watani de Saïd Aidi et Tounes Awalan de Ridha Belhaj) se sont déjà formés avec d'anciens dirigeants du parti du Président. Toutefois, Nidaa Tounes garde toujours de l'impact sur les réseaux et les lobbies du monde du travail et des affaires. Tous les sondages d'opinion le donnent largement en tête des prochaines élections municipales. Chez les autres partis, la moisson n'est pas aussi bonne. En effet, une coalition de 11 partis, briguant l'électorat centriste, celui qui a permis à Nidaa Tounes et Béji Caïd Essebsi de gouverner, arrive à peine à postuler dans 50 municipalités. Pourtant, cette coalition réunit les partis Machrou Tounès, Al Massar, Al Joumhouri, Al Badil, Tounes Awalan, etc. Pour sa part, le parti Beni Watani, présidé par l'ex-ministre de la Santé, Saïd Aïdi, un dissident de Nidaa Tounes, a annoncé qu'il n'allait se présenter avec ses propres listes que dans 11 circonscriptions municipales. Une situation qui ne renvoie, semble-t-il, pas sur une véritable concurrence autre qu'entre les deux mastodontes de la vie politique, à savoir Nidaa Tounes et Ennahdha. L'abstention sera également à observer dans cette démocratie naissante qu'est la Tunisie.