Nidaa Tounès sera seul aux élections municipales Le président Béji Caïd Essebsi a évalué les acquis socio-économiques enregistrés par le gouvernement Youssef Chahed, en particulier le regain de développement agricole et surtout la remarquable embellie du secteur du tourisme sous la houlette de Selma Elloumi Rekik. Les grandes manoeuvres semblent engagées en Tunisie où deux évènements politiques ont eu lieu cette semaine. Tout d'abord, la réunion des signataires de l'accord de Carthage qui s'est tenue vendredi dernier sous l'égide du chef de l'Etat, Béji Caïd Essebsi, a mobilisé les dirigeants des partis politiques et des organisations nationales concernés, exception faite d'Al Joumhouri qui a décliné l'invitation, la veille. Etaient donc présents, autour de BCE, Rached Ghannouchi du mouvement Ennahdha, Hafedh Caïd Essebsi de Nidaa Tounès, Samira Chaouachi de l'UPL, Yassine Brahim de Afek Tounès, Jouneidi Abdeljawed du parti Al Massar, Mohsen Marzouk de Machrouû Tounès, Kamel Morjane du parti Al Moubadara et Zouheir Maghzaoui du mouvement Echaâb. Quant aux organisations, elles étaient représentées par Abdelmajid Ezzar, président de l'Utap, Wided Bouchamaoui, présidente de l'Utica et Noureddine Taboubi, secrétaire général de l'Ugtt. Le président Béji Caïd Essebsi a évalué les acquis socio-économiques enregistrés par le gouvernement Chahed, en particulier le regain de développement du secteur agricole et surtout la remarquable embellie du secteur du tourisme sous la houlette de Selma Elloumi Rekik, facteur d'un regain d'espoir pour l'économie du pays. Parmi les autres points évoqués, il y eut le taux de croissance en légère augmentation, les dossiers de l'éducation et du statut de la femme qui a connu des avancées législatives. Mais au-delà de ce préambule, tout le monde a noté que la question qui taraude les esprits concerne bien le rendez-vous électoral de 2019 pour lequel le chef du gouvernement Youssef Chahed a lancé un pavé dans la mare, voici quelques jours à peine, affirmant qu'il soutiendra le président sortant au cas où il se représenterait. Une façon de couper l'herbe sous les pieds des éventuels prétendants. Bon prince, le président Essebsi a estimé, pour sa part, que l'élection de 2019 reste ouverte à quiconque souhaite s'y présenter: «Je suis le président de tout le monde et j'encourage toute personne souhaitant se présenter à la présidentielle de 2019; et je me place à la même distance de toutes les parties. La Tunisie a besoin de poursuivre le processus de transition démocratique et j'espère que ces élections se dérouleront dans de meilleures conditions que celles de 2014», a-t-il tenu à indiquer. A la faveur de cette réunion, le chef de file du parti Ennahdha, Rached Ghannouchi, a demandé au chef de l'Etat une autre rencontre «non pas pour faire un diagnostic du passé, mais bien pour dessiner ensemble le futur proche». A ses yeux, le bilan du gouvernement reste insuffisant, ne serait-ce que parce que le taux de chômage est encore excessif et celui de la croissance dérisoire, selon lui. Son constat serait partagé par d'autres responsables présents à Carthage. Ghannouchi aurait-il une arrière-pensée, quand il affirme que la réunion «ne concernait pas, de toutes les façons, le chef du gouvernement»? L'autre rendez-vous politique de grande importance, c'est cette réunion du parti Nidaa Tounès, le lendemain de celle de Carthage. Première conférence nationale, elle fut consacrée aux élections municipales du 6 mai 2018 et là, le directeur exécutif de Nidaa, Hafedh Caïd Essebsi, a voulu frapper un grand coup. Dans le communiqué final, Nidaa Tounès annonce qu'il fera cavalier seul, entendez par là que le deal de 2014 avec Ennahdha n'a plus court. Est-ce la fin d'une alliance décriée, mais indispensable à la paix sociale sans laquelle la Tunisie aurait peut-être sombré davantage, dixit Essebsi père, ou seulement une tactique conjoncturelle pour un enjeu électoral secondaire? La question est dans tous les esprits alors que Nidaa Tounès annonce, à grand bruit, que ses listes électorales sont ouvertes à toutes les compétences qui veulent défendre l'Etat civil et la modernité face aux appétits islamistes du rival Ennahdha. Une proclamation qui sonne comme un désaveu public de l'alliance toujours opérationnelle, aussi bien à l'Assemblée des représentants du peuple qu'au gouvernement. Mais ce serait aller vite en besogne que de croire à une telle rupture, à laquelle d'ailleurs certains attribuent le risque d'une explosion sociale inévitable et dramatique. Les dirigeants rassemblés dans cette première conférence préparatoire aux municipales ont visiblement balisé le terrain pour ce seul objectif. Hafedh Caïd Essebsi, Abdelaziz Kotti, Sofiene Toubel, Salma Elloumi Rekik, Faouzi Elloumi, Anis Ghedira, Saida Garrache, Mohamed Zine El Abidine, Majdouline Cherni, Khemaies Jhinaoui, Borhene Bsaies, et les autres ont inventorié l'état général du pays et la meilleure manière pour leur parti de tirer un bénéfice exclusif du travail de protection du pouvoir d'achat des citoyens et de la préservation de la stabilité du pays ainsi que de ses institutions. Des satisfecit qui ne sont pas partagés par la formation d'Afeq Tounès. Ce parti a annoncé le même jour son retrait de l'accord de Carthage, constatant «l'échec de la politique de consensus entre Ennahdha et Nidaa qui a vidé l'accord de sa substance et détérioré la situation économique et sociale qui devra être subie par le citoyen». Peu convaincu par la distanciation entre Nidaa et Ennahdha, Afeq Tounès critique vivement la LF 2018 et rejette par avance toute alliance ultérieure avec le parti de Ghannouchi. On le voit, la scène tunisienne n'a pas fini de muer au gré des échéances électorales. Quant à l'enjeu sécuritaire, le ministre de l'Intérieur, Lotfi Brahem, est depuis hier en Algérie à l'invitation de son homologue Nour-Eddine Bedoui. Et ce ne sont pas les sujets de coopération bilatérale qui manquent...