Il y a 24 ans, jour pour jour, la région de Chlef était dévastée par un violent séisme d'une magnitude de 7,2 sur l'échelle de Richter. La catastrophe, survenue le vendredi 10 octobre 1980, avait causé plus de 3 000 morts, 80 000 blessés et des milliers de sans-abri. Plusieurs localités, dont le chef-lieu de wilaya, avaient été complètement rasées par la secousse, de loin la plus violente qu'ait connue le pays. Pour parer au plus urgent, le gouvernement de l'époque avait mis en place un vaste programme de relogement des sinistrés, qui s'est soldé par la réalisation de 20 000 logements en préfabriqué dotés des infrastructures socioéducatives nécessaires du même type de construction. Le plus gros de ce patrimoine se trouve dans la périphérie de la ville de Chlef et sur le site de Chettia, devenu par la suite une commune à part entière avec plus de 80 000 habitants. Pour ainsi dire, l'ancien chef-lieu de wilaya a éclaté en plusieurs cités d'habitation en préfabriqué distantes l'une de l'autre de plusieurs kilomètres. Qu'est-ce qui a bien pu changer depuis ? Le centre-ville, considéré comme le poumon et l'âme de toute une région, a retrouvé progressivement son statut de capitale du Cheliff et son rôle de carrefour privilégié du centre-ouest du pays et des grandes villes que sont Alger et Oran. L'animation et l'afflux des automobilistes ont rendu pratiquement difficiles le stationnement et la circulation des véhicules le long des artères de la ville, en l'absence de parkings et d'un réseau routier adapté à la nouvelle situation du chef-lieu de wilaya. Le mauvais comportement de certains usagers et piétons ne fait qu'aggraver l'anarchie qui y règne. L'agglomération a été, par ailleurs, totalement reconstruite au point qu'il n'existe plus aucun espace pour la réalisation d'équipements publics ou autres. Des bâtiments neufs de trois et quatre étages ont même vu le jour ici et là. Devant les appréhensions affichées par leurs occupants et les habitants en général, les services concernés tiennent à rassurer, pour ce qui est du logement public, que les normes de construction ont été parfaitement respectées par les différents intervenants. Même si ces derniers ont acquis une somme d'expériences appréciable dans le domaine, beaucoup a été dit concernant ce volet. Le dernier mot revient aux spécialistes du secteur, tel que le CTC, qui ont la lourde responsabilité de veiller au contrôle technique et à l'application stricte des textes réglementaires en matière de construction dans les zones sismiques. Le grand point noir reste l'habitat en préfabriqué dont la durée de vie a été largement dépassée, engendrant des dégradations continues de ce qui reste de ces habitations. La population souffre quotidiennement de leur précarité avancée, ce qui rend la vie des plus contraignantes, surtout en été où la température dépasse largement les 40 degrés. Le problème, apprend-on, nécessite une décision politique pour son éradication, comme cela a été le cas pour les établissements scolaires en préfabriqué. Rappelons que, lors de la récente visite de travail effectuée dans la wilaya, le ministre de l'Education, Boubekeur Benbouzid, avait annoncé la mise en place d'un vaste programme de remplacement de ce type d'infrastructures sur cinq ans. En plus du programme normal de développement du secteur, une enveloppe de 8 milliards de dinars a été dégagée à cet effet pour les wilayas de Chlef et de Aïn Defla. Chlef se taille la part du lion avec 6,85 milliards de dinars, dont 20 % ont déjà été mis à la disposition des services, selon le ministre, pour le lancement du programme dans les tout prochains mois.