Le feuilleton de la maladie du Président et ses rebondissements se sont prolongés durant l'année 2006. Bien que le Président ait déclaré publiquement et officiellement au lendemain de son retour de l'hôpital Parisien du Val-de-Grâce que sa maladie n'était qu'un mauvais souvenir, la rumeur n'en a pas pour autant cessé. Pour cause, sa longue convalescence qui aura duré quasiment tout le premier trimestre de cette année, a alimenté à profusion radio-trottoir qui le donnait tout simplement inapte à terminer son mandat. Il a fallu attendre la fin du printemps pour revoir Bouteflika renouer, au petit trot, avec ses activités publiques, jusque-là réduites au minimum requis. Mais pas pour longtemps. L'été 2006 aura particulièrement été riche en rumeurs et autres « indiscrétions » faisant état de l'éminence du départ de Bouteflika pour raison de santé. Durant trois mois, le Président s'est effacé de la scène politique, et ses rechutes faisaient le tour des chaumières algéroises. Pendant ce temps, Belkhadem, et accessoirement certains ministres tentaient, souvent maladroitement, de démentir les mauvaises nouvelles sans trop donner de précisions. La télévision nationale, elle, a actionné sa propagande en faisant passer le courrier du Président pour une preuve de son activité à son bureau. La rumeur, elle, enfle chaque jour un peu plus. La réunion gouvernement-walis qui devait avoir lieu début septembre a été reportée sine die, et Belkhadem ne savait pas trop s'il fallait, oui ou non, prolonger le délai de grâce accordé aux terroristes pour se rendre. Puis, apparaît enfin le Président, à l'occasion d'un séminaire banal sur les banques arabes à l'hôtel Hilton. Ce fut juste pour faire taire la folle rumeur. Mais le renvoi du référendum sur la révision de la Constitution qui lui tenait particulièrement à cœur, après avoir été programmé avant la fin de l'année, a relancé de plus belle les questions sur la santé du Président. Les Algériens n'en sauront rien. Il a fallu attendre une malencontreuse (?) question d'une journaliste française à l'occasion de la visite de Nicolas Sarkozy, pour voir enfin le Président briser lui-même le mur du silence qu'il a édifié sur sa santé. « J'étais très malade, mais je m'en suis fabuleusement sorti grâce à Dieu », a-t-il concédé, très irrité, devant les caméras de la télévision. Depuis, le peuple algérien a pris acte de la « confidence » publique de son Président sur sa détermination mais surtout sa capacité à gérer encore le pays jusqu'à 2009.