Le parfum de Marie-Antoinette est mis en vente depuis une semaine par le Château de Versailles après avoir été reconstitué par un parfumeur et une historienne française sur la base des essences utilisées par la reine de France guillotinée en 1793. Francis Kurkdjian a utilisé des techniques du XVIIIe siècle sur la base de listes d'ingrédients exhumés en 2004 par Elizabeth Feydeau, qui écrivait un livre sur le parfumeur de l'Autrichienne. Le résultat est, en fait, un mélange qui combine des senteurs d'iris, de rose, de jasmin, de fleurs d'oranger avec des touches de bois de cèdre et de santal, de musc du Tonkin et d'ambre gris, selon une source du Château. « J'avais un problème majeur, c'est qu'il n'y a pas un document historique qui dit que c' est le parfum de Marie-Antoinette », a expliqué M. Kurkdjian. Il a précisé qu'à l'époque, on n'avait pas un seul parfum, on en avait plusieurs car on ne pouvait pas les conserver ou les reproduire exactement. Les travaux de la spécialiste Mme Feydeau a permis de connaître les goûts de parfum de Marie-Antoinette. « Il y a, dit-elle, des traces écrites. On a pris des fleurs qu'on sait qu'elle portait et qu'elle aimait. » « On sait qu'elle aimait beaucoup la rose, les notes florales légères, pas les parfums trop puissants, les senteurs trop animales. » Le parfum en question baptisé au nom de MA, Sillage de la Reine est une série limitée qui sera proposée directement à la boutique du château ou sur son site Internet, au prix de 350 euros le petit flacon de 25 ml, fabriqué à 1000 exemplaires. Les plus fortunés pourront se disputer dix flasques de cristal contenant 25 cl du précieux liquide pour la coquette somme de 8000 euros. Il est à noter que le bénéfice de la vente servira à l'acquisition pour 350 000 euros par le Château de Versailles d'une malle de voyage, classée trésor national, ayant appartenu à Marie-Antoinette. Ce précieux parfum est destiné d'abord aux collectionneurs, les mécènes et plus généralement certains visiteurs – notamment les Asiatiques – qui ne rechignent pas à la dépense. « Nous avons de nombreux visiteurs japonais fortunés », a expliqué le porte-parole du Château. Mme Guaché a ajouté que c'est une reconstitution scientifique et historique, mais pas une opération de marketing. Le parfum n'est disponible que depuis Noël. Cependant, un retard a été accusé dans la production. Dans l'élaboration de MA, Sillage de la Reine, il a cependant fallu trouver un compromis entre la fidélité à l'histoire et le goût contemporain. « A l'époque, affirme un spécialiste, on se lavait moins, on mangeait de la viande faisandée, qui nous dégoûterait aujourd'hui. C'était un monde olfactif complètement différent. » Le parfumeur révèle qu'il a allégé la tête du parfum, en rajoutant un peu de bergamote, mais il n'a rien enlevé. L'œil ou l'ouïe arrivent à accepter ce qui vient d'un autre contexte, mais pour l'odeur il y a une barrière.