La ville de Tikrit a accueilli, hier, des milliers d'Irakiens, venus rendre hommage au président Saddam Hussein. Ces derniers, qui ont dressé des tentes de 20 mètres chacune, ont exprimé leur deuil en écoutant le Coran, ont constaté les correspondants de presse. Les accès de la ville natale de Saddam Hussein étaient fermés à la circulation automobile, sur ordre des autorités irakiennes. Par ailleurs, à Amman, plusieurs centaines de Jordaniens ont manifesté, hier, contre la pendaison du président irakien. La fille aînée de Saddam Hussein, Raghad, qui réside dans la capitale jordanienne, a pris part à la manifestation. Raghad n'est restée que quelques minutes pour remercier les manifestants. « Dieu vous bénisse et je vous remercie pour votre hommage à Saddam le martyr », a-t-elle dit. La manifestation, organisée à l'appel de syndicats professionnels regroupant notamment médecins, ingénieurs et avocats, s'est déroulée devant l'immeuble du syndicat au centre de la capitale jordanienne. De son côté, le Comité des oulémas musulmans, la principale organisation religieuse sunnite en Irak, a accusé les Américains d'être derrière l'exécution du président Saddam Hussein, appelant les Irakiens à déjouer leurs plans, dans un communiqué mis en ligne hier. « L'exécution, de cette manière, de l'ancien président irakien Saddam Hussein s'est déroulée conformément aux ordres et aux désirs de l'occupant et de certains de ses alliés à l'extérieur et à l'intérieur » de l'Irak, affirme ce communiqué. « Il s'agit d'un acte éminemment politique », estime ce texte, soulignant que le premier jour de l'Aïd Al Adha, célébré samedi par les sunnites en Irak, a été choisi pour exécuter l'ancien raïs. Quant à la presse arabe, elle manifeste toujours sa colère contre l'exécution de Saddam Hussein. En Arabie Saoudite et au Qatar, les tabloïds datés d'hier qualifient l'acte de « vengeance confessionnelle ». Et de s'élever contre la diffusion d'images vidéo de la pendaison de l'ancien président irakien. Dénonçant « le confessionnalisme imprégnant les arcanes du pouvoir » en Irak, le journal saoudien Al Watan demande au Premier ministre irakien Nouri Al Maliki d'« exécuter aussi la violence confessionnelle soutenue par-delà les frontières » de l'Irak. Un autre quotidien saoudien, Al Jazira, fait part de son indignation que l'exécution ait eu lieu le premier jour de l'Aïd Al Adha. « Cette exécution fait fi des sentiments des musulmans, d'autant que plus de trois millions de fidèles étaient rassemblés » pour le pèlerinage à La Mecque, dénonce le journal. « Utiliser l'Aïd Al Adha de manière aussi vile ne rend pas service à l'Irak. Au contraire, cela accentue davantage le clivage ethnique et confessionnel », ajoute le quotidien. Pour le quotidien Al Charq du Qatar qui titre : « L'Irak sur la guillotine », il estime que « la pendaison de Saddam Hussein entre dans le cadre de la vengeance individuelle et confessionnelle ». « C'est une image qui n'honore pas le gouvernement du nouvel Irak », souligne Al Charq.