“Saddam n'est pas mort, il vit encore dans nos cœurs”, ont scandé plusieurs centaines de manifestants rassemblés à Al-Dour, près de Tikrit, en hommage à l'ancien chef de l'Etat irakien exécuté samedi à l'aube. Alors que des milliers d'Irakiens se recueillaient depuis dimanche sur la tombe de Saddam Hussein, après son inhumation discrète dans son village natal d'Aoudja, près de Tikrit, un hommage continuait à lui être rendu hier. Ainsi, partout dans la ville, les habitants ont installé des tentes de deuil, longues d'une vingtaine de mètres, où ils se réunissent en mémoire du défunt et écoutaient des versets du Coran. Assis sur deux rangs, face à face, les partisans de l'ancien Président boivent du café noir sans sucre et écoutent des versets du Coran diffusés par des magnétophones. Ces manifestations de deuil sont organisées malgré le fait que les accès de la ville sont toujours fermés à la circulation automobile, sur l'ordre des autorités irakiennes. Dans l'édifice, qui abrite sa tombe, ses partisans ont laissé éclater leur colère à l'égard de la majorité chiite, désormais aux affaires après des années de domination sunnite. “Les Persans l'ont tué ! Je n'arrive pas à le croire. Je jure devant Dieu que nous nous vengerons !” a lancé l'un d'eux, venu de Mossoul, en faisant allusion aux membres du nouveau gouvernement que la plupart des sunnites accusent d'être inféodés à l'Iran. Entre-temps, d'autres partisans de Saddam Hussein rassemblés à Al-Dour, près de Tikrit, scandaient : “Saddam n'est pas mort, il vit encore dans nos cœurs.” Brandissant d'immenses portraits du “martyr et héros Saddam Hussein”, et se réclamant du parti Baâs dissous, ils réclamaient vengeance. D'autres cérémonies ont par ailleurs été célébrées dans plusieurs zones sunnites telles que le quartier d'Amriya, bastion de l'insurrection à Bagdad, et les localités sunnites de Baïdji et Dhoulouiya. Rassemblés depuis 9h, 6h GMT, les manifestant ont aussi conspué les noms du Premier ministre, Nouri Al-Maliki, de Moqtada Sadr, leader radical chiite et chef de la milice chiite de l'armée du Mahdi, qualifié de “lâche”, et de Abdel-Haziz Hakim, qui dirige le Conseil suprême de la révolution islamique en Irak (CSRII), présenté comme “un traître à la solde de l'occupant”. “Nous sommes ici pour dénoncer le crime du gouvernement irakien qui a osé exécuter Saddam”, criaient-ils. “Nous représentons les moudjahidine, l'armée islamique et le parti Baas, pour dénoncer Maliki et le gouvernement irakien”, a ajouté un des manifestants qui se réclamaient d'être “un combattant de Saddam”. Entourée de plusieurs centaines de personnes, la fille aînée de Saddam Hussein, Raghad, a manifesté hier à Amman pour protester contre la pendaison de son père. La fille de l'ancien raïs, qui demeure à Amman, n'est restée que quelques minutes pour remercier les manifestants. Toute vêtue de noir et portant des lunettes de soleil, elle s'est brièvement adressée à la foule, lançant : “Dieu vous bénisse, et je vous remercie pour votre hommage à Saddam le martyr.” La manifestation, organisée à l'appel de syndicats professionnels regroupant notamment médecins, ingénieurs et avocats, s'est déroulée devant l'immeuble du syndicat au centre de la capitale jordanienne. K. A.