Un défilé de chars à Alger, jeudi 11 janvier, et une cérémonie le soir du 12 à la Coupole du complexe Mohamed Boudiaf inaugureront la manifestation « Alger, capitale de la culture arabe ». Une boîte de communication événementielle française organise la cérémonie d'ouverture et une autre italienne devra monter le défilé entre Tafourah et la place des Martyrs. N'a-t-on pas eu le temps de soumissionner des promoteurs algériens ou arabes à l'occasion ? Le coordinateur général de l'événement, Kamel Bouchama, rencontré en marge de l'émission Fi el wajiha dont il était l'invité à la radio Chaîne I, hausse les épaules comme s'il s'en lave les mains. La République arabe sahraouie démocratique (RASD) sera le seul pays arabe non représenté durant le défilé des chars. Officiellement, la non-affiliation de la RASD à la Ligue arabe est avancée comme argument. Mais selon Bouchama, qui reste énigmatique, les raisons semblent plus subtiles : « La délégation sahraouie participe au programme de l'année. Et s'ils n'ont pas de chars, l'Algérie sait très bien ce qu'elle fait ». Peut-être pour ne pas froisser la délégation marocaine ? On n'en saura pas plus. Hier, lors du forum-émission de la Chaîne I, Bouchama a affirmé aux journalistes présents que « Alger, capitale arabe est déjà un succès, de par la volonté de ses organisateurs et des Algériens : pour janvier, nous allons faire sortir quatre documentaires de Sid-Ali Mazif, Saïd Khemach et Nadia Cherabi, on a publié l'ouvrage de Aboulaïd Doudou, Des profondeurs de l'Algérie, etc. ». Fin du mois courant, promet-il, une liste de 200 ouvrages publiés en janvier 2007 sera rendue publique. Evoquant l'événement comme une « révolution culturelle », qui coûtera au Trésor public 5,5 milliards de dinars, Kamal Bouchama, ancien ministre, ancien ambassadeur, reconnaît qu'il ne disposait pas de programme et de calendrier précis. « Nous n'arrêtons pas de recevoir des créateurs porteurs de projets jusqu'à aujourd'hui », argue-t-il. Comment concilier un « programme riche » et le déficit criminel en termes de salles de spectacles et de cinéma ? « Il est vrai que les espaces culturels sont réduits, mais cela ne va pas nous empêcher de travailler dur pour garantir le succès de cette manifestation », répond l'ancien ministre de la Jeunesse et des Sports entre 1984 et 1987. Est-il au courant que l'Institut des langues étrangères de Bouzaréah a décidé de congédier les étudiants en avril pour permettre aux hôtes de l'Algérie de bénéficier des cités universitaires ? Le coordinateur général affirme ne pas être au courant : « Peut-être n'y a-t-il pas eu coordination », dit-il reconnaissant, par ailleurs, n'avoir pas donné aux médias assez d'informations. A ses yeux, Alger est prête à recevoir ses invités, même si, comme l'a souligné une journaliste de la radio, aucune communication visuelle n'est apparente dans la capitale pour annoncer l'événement. « Cela viendra », se contente de commenter Bouchama qui croit que « la capitale est relativement plus propre » même si auparavant il avait reproché aux autorités de la capitale de faire « dans le rafistolage ». Selon lui, la sécurité à Alger est garantie suite aux réunions qu'il a eues avec les « concernés ». Aucun pays arabe, d'après lui, n'a formulé de réserves quant à la situation sécuritaire d'une Algérie qui vit toujours sous état d'urgence, depuis 1992. Le remplaçant de Lamine Bechichi n'a pas été exhaustif en énumérant les invités de marque à la cérémonie d'ouverture, vendredi 12. Il a cité des têtes d'affiche telles que Faten Hamama, Mona Wasef, Assaâd Fadhâ, Sabah Fakhri, des ministres de la Culture de Tunisie, d'Egypte, de Syrie, le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, etc. La chanteuse algérienne Warda Al Djazaïria sera-t-elle de la fête ? Interloqué, Bouchama ne sait quoi dire, avant de balbutier : « Peut-être… ». « La personnalité arabe du moment à inviter s'appelle Hassan Nasrallah (leader du Hezbollah libanais) », chuchote un collègue. Une bonne nouvelle : tous les spectacles sont gratuits.