Depuis que le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Nourredine Yazid Zerhouni, a évoqué la possibilité d'un nouveau découpage administratif pour désengorger les wilayas surpeuplées, la ville d'Akbou, qui tire son nom du mausolée qui orne son piton et qui rayonne actuellement sur une vallée de la Soummam en constante ébullition, rêve tout haut d'un statut qui viendrait consacrer de fait ses ambitions de capitale régionale. Il faut dire que le prétendant au rang de chef-lieu d'une nouvelle wilaya a de solides et très nombreux arguments pour plaider sa cause. De prime abord, sur le plan géographique, la ville d'Akbou est un carrefour qui gère les échanges de quatre grandes wilayas : la montagnarde Tizi Ouzou, la pastorale Bouira, l'industrieuse Bordj et puis Sétif et ses hautes plaines. Sur le plan économique, sa réputation, qui a largement dépassé les frontières nationales, s'est construite autour d'une ZAC de 50 dynamiques entreprises qui s'étend sur près de 50 ha. En perpétuelle extension à cadence accélérée, cette Silicone Valley version locale est en voie de s'enrichir d'un terrain de 80 ha qui la fera passer au stade de zone industrielle tout en lui permettant de répondre à la très forte demande d'investisseurs qui ont exprimé le désir de s'y installer. Le dynamisme de cette enclave économique a fait oublier qu'Akbou dispose déjà d'une zone industrielle avec de grandes entreprises étatiques comme Alcovel, Mac soum et Sonaric.Autre atout dans la manche du prétendant, une population aussi industrieuse qu'une ruche d'abeilles et dont le nombre dépasse allégrement les 100 000 habitants si l'on s'en tient aux seuls citoyens de la daïra d'Akbou sans citer les anciennes dépendances régionales qui abreuvent tout naturellement ce creuset qu'est l'antique Ausum comme se plaisaient à l'appeler les Romains. A cela, il faut ajouter deux gros marchés. Le premier est un marché de gros de fruits et légumes classé troisième au niveau national. Le deuxième est un marché de véhicules de dimension plus que respectable et qui affiche une moyenne de 5000 véhicules chaque vendredi. Le secteur bancaire n'est pas en reste. Il est présent avec quatre grosses cylindrées nationales que sont le CPA, la BADR, la BDL et la CNEP et deux étrangères, la Société générale et Natexis Banque, qui viennent tout juste de s'installer. Atouts économiques Sur le plan de l'hydraulique, Akbou va bénéficier de l'apport du grand barrage de Tichy Haf situé à quelques encablures de la ville. A cet effet, trois grands réservoirs sont inscrits pour répondre aussi bien aux besoins de la population que de l'industrie et de l'agriculture. Dans la vallée de la Soummam, la soif ne sera bientôt qu'un douloureux souvenir, promet-on. A ces atouts bien concrets, on doit ajouter une foule de projets déjà bien entamés ou en voie de l'être comme la grande gare internodale qui doit en principe voir le jour au lieudit Patte d'Oie et qui réunit sur le même site le train, le taxi et le bus avec toutes les commodités que cela suppose comme l'hôtel, les restaurants et les taxiphones et tous les commerces y afférents. Ce gigantesque projet, qui s'étale sur 1300 mètres carrés, doit répondre aux besoins de la population en matière de transport tout en alliant l'esthétique sur le plan architectural au pratique sur le plan des prestations de services. Avec un budget communal de près de 700 millions de dinars où la fiscalité représente plus de 60% des rentes de la commune, Akbou est une ville riche qui se donne les moyens de sa politique d'aménagement. Seule ombre à ce tableau idyllique, un réseau routier complètement obsolète. Saturées ou dégradées, les pénétrantes d'Akbou sont toutes dans un état lamentable. Qu'à cela ne tienne, cette fois-ci, tous les chemins semblent mener la ville de feu Abderrahmane Farès vers ce destin qui lui avait déjà échappé de justesse au dernier découpage administratif.