A l'ombre du nouvel ordre économique mondial, la réussite d'une politique de développement local est conditionnée par la mise en avant des besoins spécifiques de chaque région et de ses potentialités. C'est la thèse défendue jeudi dernier par le Dr José Bonyème, conseiller en gestion territoriale auprès du ministère québécois des Ressources naturelles, lors d'une conférence organisée à l'Institut des techniques hôtelières et touristiques (INTHT) de Tizi Ouzou, à l'initiative de l'Institut international de management (INSIM), sur le thème du développement local. Lors de son intervention, le conférencier, également ancien expert auprès des Nations unies, a prôné le concept du développement local intégré (DLI), prenant en compte les particularités culturelles et identitaires de chaque région, et qui peut être une alternative efficace pour ne pas rester en marge de l'ère de la mondialisation. De ce point de vue, il suggérera aux concepteurs des politiques de développement local d'"affronter les problèmes locaux avec des solutions locales et ne faire recours à l'étranger que pour les problèmes dont les solutions n'existent pas". Dans le contexte de la mondialisation, "il faut donc entendre par le développement local intégré un concept qui s'articule autour d'un effort qui consent la valorisation et la mobilisation des ressources propres à la région". Il y aura donc les ressources humaines, qui se conjuguent par des cadres et la main-d'œuvre qualifiée au niveau local, des ressources naturelles locales à mettre en valeur, des ressources techniques se traduisant par le savoir-faire autochtone qui est d'une grande utilité puisqu'il est adapté à la dimension culturelle de la région, les ressources financières, et enfin les ressources d'organisation qui sont l'un des facteurs indispensables pour garantir le décollage économique de la région. Le développement local intégré suggère également l'harmonisation entre les différents secteurs d'activité. "Il serait une aberration de parler du développement de l'économie seulement, sans l'éducation, par exemple", dira le docteur Bonyème. Toutefois, il avertit contre le recours à l'importation de modèles d'autres pays qui, en réalité, ne peuvent être adaptés à la réalité locale. "Pour réussir une politique de développement local intégré, il faut qu'elle soit authentique et spécifique à chaque région. Cette politique doit être endogène et ne doit en aucun cas altérer ni détruire la dimension culturelle et identitaire de la région", dira-t-il. Selon le conférencier, ce nouveau concept DLI, qui est en vigueur au Québec, se propose comme un substitut aux politiques de développement à l'œuvre qui ont montré leurs limites. A cet égard, il évoquera, entre autres, les concepts du développement unifié, global, durable et équilibré qui ont tous échoué à travers le monde même s'ils ont été souvent prônés par les Nations unies. En tout cas, "le Canada, où vivent plusieurs groupes humains venus d'horizons divers, est un exemple de réussite du concept du développement local intégré", ajoute-t-il. Revenant sur le cas de la région de Tizi Ouzou, le directeur de la Caisse nationale d'assurance chômage (CNAC) regrettera les lenteurs administratives auxquelles sont confrontés les opérateurs locaux. "La création d'une entreprise en Algérie nécessite 60 jours, alors qu'au Canada l'entreprise peut être créée en 30 minutes seulement", dira-t-il avant de préciser que le retard pris pour le développement de la région a fait que "la moitié de la population de Tizi Ouzou vit des ressources financières générées en dehors de la wilaya". L'intervenant recensera par la suite les nombreuses potentialités et atouts que la région pourra éventuellement mettre en valeur, tel des compétences humaines en abondance et la proximité des ports et aéroports de Béjaïa et de la capitale.