La situation humanitaire dans les camps des réfugiés sahraouis est critique. Après avoir déjà lancé de multiples SOS, le Croissant-Rouge sahraoui (CRS) a tiré, une nouvelle fois, hier, à Alger, la sonnette d'alarme sur la gravité de la situation humanitaire qui menace les populations sahraouies dans les camps des réfugiés de Tindouf. Les milliers de réfugiés dans ces camps depuis 1975 survivant grâce aux dons étrangers — ceux provenant de l'Union européenne sont les plus importants — souffrent le martyre en raison de la rupture totale du stock des produits alimentaires. Le secrétaire général du CRS, Yahia Bouhbeini, a déclaré, hier, lors d'une conférence de presse tenue à Alger, que « le stock de sécurité est vide ». M. Bouhbeini, qui a averti pour la énième fois la communauté internationale sur la gravité de cette situation, a souligné l'« urgence » d'un approvisionnement en denrées alimentaires pour éviter l'installation de la famine de plus en plus menaçante pour ces réfugiés. « Jusqu'à maintenant, il y a eu des réponses de quelques bailleurs de fonds, notamment d'ECO et de PAM, mais il y a toujours un blocage en ce qui concerne l'acheminement de ces aides aux bénéficiaires. » « Ces aides ne sont même pas arrivées au port d'Oran », a-t-il ajouté. De plus, a-t-il renchéri, « l'ensemble de ces aides ne pourront pas régler la situation humanitaire qui prévaut dans les camps ». L'orateur estime que ce retard dans l'acheminement de ces programmes d'aide « n'est pas innocent ». Le responsable du CRS impute la responsabilité de cette situation au Haut commissariat pour les réfugiés (HCR), entité relevant des Nations unies, lequel avait décidé depuis le mois d'août 2005, rappelle-t-il, de réduire le volume des aides humanitaires de l'ordre de 43%. M. Bouhbeini a qualifié cette décision d'« arbitraire ». D'autant que, selon lui, elle était intervenue après une étude nutritionnelle effectuée en juillet 2005 et qui avait averti d'une situation « dramatique » dans les camps des réfugiés sahraouis. Cette étude a révélé que 66% des femmes, dont l'âge varie entre 15 et 45 ans, et 62% des enfant de moins de 5 ans sont anémiques. Cette étude évalue le nombre de cas de malnutrition chez les enfants à 35% alors que la ration alimentaire n'est que de 0,40 dollar par réfugié. Cette année, selon le conférencier, une vingtaine d'écoles n'ont pas ouvert leurs portes. M. Bouhbeini a dénoncé le silence du HCR. « Il y a 3 millions d'euros en stand-by et on est en situation d'urgence », regrette M. Bouhbeini. Ce dernier se demande comment le HCR n'est pas arrivé à gérer cette aide. En tout cas, le conférencier n'exclut pas, dans le cas où il n'y aurait pas d'arrivage d'aide dans les prochains jours, il y aura des morts. Des morts surtout, selon lui, parmi les femmes enceintes ou les enfants dont la plupart sont anémiques.