Jean-Pierre Sauriol, président-directeur général de ce groupe, est impressionné par le lancement conjoint de plusieurs projets d'envergure en Algérie. « On sent que ça bouge. L'Algérie est un pays émergent », a-t-il confié lors d'un déjeuner-presse, dimanche 14 janvier, à l'hôtel Hilton à Alger. Il était accompagné de Jacques Fortin, vice-président du groupe chargé des transports, et de Salim Hamdadou, responsable de Dessau Soprin Maghreb. Spécialisé en construction et en ingénierie, ce groupe envisage, selon son PDG, d'investir à long terme en Algérie où il est présent depuis 2002. Même s'il est confronté à un problème de manque de main-d'œuvre qualifiée, il projette de lancer des programmes de formation pour le personnel algérien, y compris au Canada. Les firmes canadiennes, contrairement à une certaine tradition européenne, sont connues pour des politiques ouvertes en matière de transfert de savoir-faire et d'expertise. Actuellement, la filiale d'Alger, la plus active après celle du Chili, emploie 150 salariés dont 30% d'expatriés. « Notre objectif est d'arriver à 90% d'employés algériens », a promis Jean-Pierre Sauriol. Les projets de travaux publics engagés en Algérie intéressent au plus haut point le groupe qui apporte déjà son assistance à la maîtrise d'ouvrages de l'autoroute Est-Ouest (1216 km) en améliorant le rendement technique de l'Agence nationale des autoroutes et en organisant le suivi des travaux. Il élabore une expertise pour la réhabilitation de 25 ponts routiers. Une inspection générale est effectuée pour établir un diagnostic et préciser les réparations à faire. Il contribue également au projet de la deuxième rocade autoroutière de la capitale (analyse des relevés topographiques, études géotechniques, estimation des coûts...). L'étude optionnelle du tracé de ce projet dégage la nécessité de réaliser plus de 60 km d'autoroute, de construire 16 échangeurs et 3 viaducs. Quatre variantes sont retenues pour ce projet. Le groupe prend part à l'étude du doublement de la voie ferroviaire entre Ouled Tlelat et les frontières marocaines qui s'étend sur 220 km. Jacques Fortin, ancien directeur général de la Société de transport de Montréal, s'est déplacé à plusieurs reprises en Algérie ces derniers temps. Il supervise l'évolution des travaux du rail entre Aïn M'lila et Tébessa. Le groupe, qui est chargé de l'assistance technique, suit également le projet d'électrification des chemins de fer de la banlieue algéroise. Il est chargé d'étudier le plan de circulation d'Alger et les modes de financement des transports urbains dans la capitale. Il contribue à la maîtrise d'ouvrage de la future grande mosquée d'Alger et participe à la surveillance des travaux de réalisation de la station de Sidi Lahdjel qui fait partie du projet de transfert d'eau Mostaganem-Arzew-Oran, le fameux MAO. Dessau Soprin, qui aspire à dépasser le stade de l'ingénierie traditionnelle, n'a pas encore pris option pour des projets de construction. Il a réalisé l'évaluation environnementale du projet de la nouvelle ville de Sidi Abdallah (Alger) et a analysé les impacts économiques. A l'étranger, Dessau Soprin, qui existe depuis 1957 et qui emploie 2300 salariés, participe actuellement au grand projet d'interconnexion électrique en Amérique latine, à l'opération d'aménagement hydroélectrique au Québec, aux projets autoroutiers au Jamaïque et à Trinité et Tobago, des projets de transport d'énergie électrique en Chine, des opérations d'électrification rurale au Pérou et au Maroc ainsi qu'à des projets ferroviaires au Cameroun, au Ghana et au Burkina Faso. La réfection du métro de Montréal et la construction de la nouvelle ambassade du Canada au Maroc sont également pris en charge par le groupe de Jean-Pierre Sauriol. Ancien président de la chambre de commerce de Laval, membre du conseil d'administration de la firme Alimentation Couche-tard (qui gère 5000 magasins de vente en détail au Canada et aux Etats-Unis) et ancien membre de l'Académie canadienne du génie, Jean-Pierre Sauriol précise que son groupe a étudié tous les aspects politiques et économiques liés à l'Algérie. La bureaucratie et le mauvais système bancaire ne l'inquiètent pas trop. Il semble avoir de l'espoir quant à la croissance économique dans le pays. Salim Hamdadou, titulaire d'un doctorat en génie civil des transports de l'école polytechnique de Montréal, partage cet avis. Il insiste sur la formation et le caractère « citoyen » de l'entreprise. Dessau Soprin, qui est titulaire de 62 prix d'excellence, intervient dans d'autres domaines comme les télécommunications, la défense, le bâtiment, l'énergie et l'architecture urbaine.