Le président de l'Assemblée nationale française, Jean-Louis Debré, effectuera, à partir de demain, une visite à Alger, à l'invitation du président de l'APN, Amar Saâdani. Selon un communiqué de l'APN repris par l'APS, la visite de M. Debré s'inscrit dans le cadre de « la coopération parlementaire entre l'Assemblée nationale française et l'APN ». Le troisième personnage de la République française, influente personnalité du parti présidentiel au pouvoir, l'UMP (droite), sera accompagné de députés de son parti et du PS (gauche), actuellement dans l'opposition. La visite semble se limiter aux seuls aspects techniques et protocolaires, même si l'agenda prévoit « d'intenses activités » avec de hauts responsables de l'Etat. Il est annoncé que M. Debré déposera une gerbe de fleurs au Sanctuaire du Martyr à Alger, tiendra par la suite des entretiens avec M. Saâdani qui seront sanctionnés par la signature d'un protocole-cadre liant les deux institutions législatives. Au final, une virée touristique à Djanet et à Tipaza. Est-ce à dire que les questions « pendantes » ne seront pas au menu ? Pour le commun des Algériens, la venue de M. Debré est une occasion à ne pas rater pour remettre sur le tapis la fameuse loi du 23 février 2005 qui a glorifié le colonialisme en Afrique du Nord, en particulier en Algérie. Certes « amputée » d'un alinéa de son article 4, l'essence du texte législatif n'est pas pour autant diminuée d'une vision nettement apologiste du colonialisme. Vision fortement présente au sein de la droite et dans l'entourage de Nicolas Sarkozy, président de l'UMP et candidat médiatique à la présidentielle. Au contraire, la mémoire algérienne est froissée dès l'introduction. L'article 1 martèle que « la Nation (française) exprime sa reconnaissance aux femmes et aux hommes qui ont participé à l'œuvre accomplie par la France dans les anciens départements français d'Algérie, au Maroc, en Tunisie et en Indochine ainsi que dans les territoires placés antérieurement sous la souveraineté française ». Présenté par l'UMP, le texte est passé grâce aux voix de ce même UMP qui dispose aussi du perchoir du palais Bourbon. En votant le texte, l'Assemblée nationale française n'a-t-elle pas pris le risque de créer un fossé entre deux nations condamnées à travailler ensemble ? D'autant plus que la loi en question, outre son caractère humiliant, avertit Alger, n'est pas pour favoriser la concrétisation de moult projets communs, notamment le Traité d'amitié. L'Algérie demande officiellement à la France de s'excuser pour les crimes commis pendant la colonisation. Le président de l'APN, Amar Saâdani, dont le parti (FLN) a été le premier à dénoncer la loi du 23 février, a reçu hier l'ambassadeur de France à Alger, Bernard Bajolet, et a évoqué avec son interlocuteur, selon un communiqué transmis à notre rédaction, la prochaine visite de son homologue français. Il n'y a pas eu de déclaration claire concernant cette question brûlante, Saâdani s'étant contenté de dire que la rencontre entre les députés des deux pays constitue un grand pas pour transcender les différences. Il reste que l'APN n'a, à ce jour, pas présenté la motion dénonçant la loi du 23 février. Elle avait, pourtant, promis publiquement de le faire.