Les usagers de la route à Béjaïa, principalement la RN 26 qui court tout le long de la vallée de la Soummam, auront certainement remarqué que le code de la route s'est enrichi ces derniers temps de nouveaux panneaux de signalisation routière très singuliers. Des panneaux temporaires improvisés par des particuliers, apparaissant et disparaissant au gré des événements et qui ont la particularité de se fixer au beau milieu de la chaussée. Là où personne ne les attend. Certains de ces panneaux recommandent poliment aux automobilistes de ralentir sans préciser la nature du danger qui nécessite ce ralentissement alors que d'autres, faire-part très original, annoncent un décès. Bien avant l'apparition de ces supports métalliques, qui tendent aujourd'hui à se formaliser et à se généraliser, les riverains de la route avaient recours à des objets aussi hétéroclites qu'encombrants pour ralentir la circulation. Ainsi, il arrive fréquemment à l'automobiliste distrait de se retrouver face à un tas de ferraille négligemment posé au milieu de l'asphalte avec tous les risques d'accident que cela comporte. Dans certaines de ces localités qui ont poussé parallèlement à la route qui les traverse, on est allé jusqu'à confectionner des panneaux en bonne et due forme que l'on ressort à chaque fois que l'on célèbre un mariage ou un enterrement. Cette pratique semble aujourd'hui définitivement rentrée dans les mœurs étant donné qu'avec le phénomène d'imitation, beaucoup d'agglomérations l'ont adoptée. Cela dit, avec tous les dos d'âne anarchiques qui donnent à nos routes un aspect de taule ondulée et les commerces sauvages qui se sont emparés des accotements, les pauvres automobilistes, qui se voient de plus en plus disputer la chaussée avec les piétons qui traversent là où bon leur semble, doivent donc redoubler de vigilance pour ne pas tomber dans... le panneau.