Les services de l'APC de Constantine chargés d'assainir les constructions illicites sur le territoire de la commune, sont engagés depuis juillet 2005 dans une bataille sans fin. Dans les coins isolés des quartiers de banlieue, des constructions illicites démolies le jour, réapparaissent la nuit. Cela donne l'impression d'un acharnement de certains citoyens à vouloir défier la loi et l'autorité de l'Etat. Les chiffres que nous avons pu avoir auprès de la cellule de communication de l'APC de Constantine reflètent le degré de pourrissement qui a atteint le tissu urbain dans certaines cités après des années de laisser-aller et de complicités à certains niveaux. En fait, en dépit de tout l'arsenal législatif, la municipalité de Constantine n'a pas eu recours durant des années au pouvoir que lui confère la loi. Pour la seule année 2006 où la brigade de démolition de l'APC avait accompli 256 opérations, on a comptabilisé l'élimination de 128 baraques précaires sur 20 sites, alors que le bulldozer est passé par ces lieux pour raser 70 clôtures érigées en extension sur des terres domaniales dans 41 lotissements. Un fait considéré comme une infraction à la réglementation de l'urbanisme. Le bilan des démolitions fait état de 200 procès-verbaux rédigés à l'encontre des contrevenants, et dont les dossiers sont entre les mains de la justice. On retiendra tout de même que, mis à part Sidi Mabrouk et Belle vue, tous les secteurs urbains ont été touchés avec, toutefois, une note particulière pour les régions d'El Gammas, les Mûriers, Boudraâ Salah et Ziadia. Faut-il rappeler que la brigade de démolition n'a pas été accueillie avec des fleurs dans certains quartiers et que les hostilités avec les citoyens concernés ont fait des victimes parmi les agents communaux. Après les incidents survenus à la cité Benchergui durant l'été 2005 suivis par ceux d'El Gammas marqués par l'arrestation d'une vingtaine de jeunes manifestants, les affrontements qui ont tourné à l'émeute à la cité Daksi au mois de décembre dernier, après la délocalisation des commerçants du fameux marché informel, restent toujours gravés dans les mémoires. A l'époque, la commune de Constantine en avait fait les frais en perdant un rétrochargeur d'une valeur de 1,2 milliard de centimes, brûlé par les manifestants. Dans d'autres lieux comme Sissaoui, par exemple, cité située sur la route menant à la commune d'El Khroub, les choses ont pris les allures d'une chasse continue où les commerces illicites installés sur la voie publique en bordure de la route reviennent à la charge juste quelque temps après. A l'image d'ailleurs de ces bidonvilles qui refont surface dans la zone industrielle Palma ou dans les quartiers populaires de Oued El Had ou même non loin des yeux des élus municipaux, comme ce fut le cas dans le secteur urbain de Ziadia. Ces campagnes de démolitions ont fait sortir de l'anonymat des lieux jusque-là méconnus, comme El Aïfour, Laâmouchi, Tafrent, Boumegoura, Aïn Lekbar, Bouchelaghem et bien d'autres encore. Et ce n'est là en fait qu'un simple échantillon de ces petits regroupements d'habitations souvent isolés mais qui ressurgissent le temps du passage du bulldozer.