A sa prise de fonction en 2002, le P/APC de Zéralda avoue avoir hérité de problèmes quasi insolubles, notamment au niveau de l'ex-Village socialiste agricole (VSA). Dénommé El Qaria par dédain par les habitants de la ville, le VSA, qui a complètement changé de physionomie, offre actuellement l'image d'un gros bourg où l'anarchie règne en maîtresse absolue. Ici, dans cette agglomération secondaire forte d'une population estimée à 18 000 âmes, les habitations somptueuses côtoient de modestes maisonnettes, quand ce n'est pas carrément des bidonvilles construits le long de l'oued séparant El Qaria de Sidi Menif. Le village donne la nette impression de s'être développé sans aucun plan d'urbanisme. Ici, ce sont des immeubles, là des maisons basses à la toiture en tuiles. Plus loin, ce sont des constructions hybrides, mi-villas, mi-blockhaus. Un marché improvisé se tient tous les jours près de la mosquée, là où les minibus menant à Zéralda marquent l'arrêt. Et pour compliquer le tout, les routes ou plutôt les pistes s'entrecroisent et semblent mener nulle part. Car il n'existe aucune plaque de signalisation, pas même d'indication pouvant renseigner sur les différents sites composant El Qaria. Plus grave, beaucoup de bénéficiaires de lots de terrain ont grignoté quelques mètres carrés en plus sur les parties communes. Parfois, en rognant sur les trottoirs et les voies d'accès. Au niveau du quartier des 200 Lots, des auto-constructeurs ont carrément pris sur la route ; de 6 m de largeur, elle se rétrécit à 5 m pour devenir... une impasse parce qu'un autre « citoyen » a pris la liberté de squatter le passage. Les trottoirs n'existent plus en certains endroits, « avalés » par des habitants avides d'espace. Le P/APC est conscient du phénomène, il dit ne pas comprendre cette frénésie maladive qu'ont certains de squatter tout espace vide attenant à leur demeure : « Depuis 2002, j'ai eu à décider de la démolition de plusieurs constructions illicites, cela sans compter les dizaines de clôtures, de murs et d'extension non autorisés. » Il avoue, toutefois, que les dépassements, qui ont eu lieu avant son arrivée à la tête de l'APC, sont trop nombreux pour qu'ils soient réglés dans l'immédiat. « Il faut procéder aux régularisations quand il s'agit d'extensions ne portant pas atteinte à la quiétude et à la sécurité des autres habitants ou susceptibles d'entraver la réalisation de voies et réseaux. Dans le cas contraire, la démolition doit être décidée obligatoirement ». M. Bensalah confirme également que toutes les atteintes à l'urbanisme seront sanctionnées. « S'il faut démolir des habitations entières, nous le ferons en vertu de la loi », a-t-il déclaré. Des propos qui rassurent la majorité des habitants qui se disent excédés par la dégradation du cadre de vie et l'absence de commodités dans leurs lotissements. Plusieurs d'entre ces derniers ne disposent pas de voies bitumées et ne sont pas alimentés en gaz de ville. « Et pourtant, nous dit un citoyen, nous avons tout payé en 1989 quand nous avons pris possession de nos lots de terrain. Est-ce qu'ont est exclus du programme du président de la République qui veut que chaque Algérien bénéficie de conditions d'existence honorables ? » Pour d'autres, les préoccupations sont clairement exprimées : « Il nous faut du gaz de ville, des routes et des voies d'accès dignes de ce nom, un réseau d'évacuation des eaux pluviales et des eaux usées et des abribus pour nos enfants. » Le même interlocuteur précise qu'il y a lieu d'enlever les ordures ménagères quotidiennement, comme cela se fait à Zéralda-Ville. Pour quelques citoyens du lotissement dit des 220 et de la coopérative militaire, outre l'amélioration du cadre de vie, l'urgence est de renforcer l'alimentation en énergie électrique, car, expliquent-ils, les chutes de tension sont très fréquentes. Au niveau de l'APC, on estime que les revendications sont fondées et que rien ne s'oppose à ce qu'elles soient satisfaites, d'autant que les zones d'El Qaria et Sid Menif sont appelées à recevoir plusieurs dizaines de logements et nombre d'équipements sociaux ainsi qu'une zone d'activités dont les travaux ont déjà débuté. « Pour toute zone, il faut prévoir un certain nombre d'équipements et de commodités, et c'est la raison pour laquelle le gros de nos efforts est dirigé vers El Qaria et Sid Menif », conclut M. Bensalah.