Les services de police sont sur le pied de guerre. L'activité criminelle ne faiblit pas, et connaît même une inquiétante évolution avec l'apparition de liens avec des groupes de malfaiteurs de divers horizons. Un camion volé récemment à Azazga a été retrouvé à Biskra et deux cambrioleurs, pris en flagrant délit dans une cité à la périphérie ouest de la ville, se sont révélés être des individus originaires d'El Harrach. Azazga est-elle en voie de constituer une plaque tournante du banditisme ? Les cambriolages, faux-barrages et les agressions sur les routes, visant le vol de voitures, se sont multipliés ces dernières semaines autour du chef-lieu de daïra et dans certaines communes comme Ifigha et Fréha. L'engrenage de la grande criminalité est engrangé et risque de tétaniser la population si une offensive vigoureuse n'est pas déclenchée pour démanteler les premiers réseaux en formation. Le commerce florissant de l'alcool, associé à un trafic de drogue à l'air libre, constitue le carburant des groupes de délinquants qui n'hésitent pas à commettre des crimes crapuleux. Le dispositif de lutte n'engage pas uniquement les services de sécurité, puisque d'autres secteurs affichent un désordre propice à l'activité criminelle. Des sources policières posent le problème du squat de logements, devenus des nids de délinquants. Une centaine de logements sociaux ont été squattés au chef-lieu de daïra depuis plus de cinq ans. Aucune solution n'a été trouvée à ce jour pour ce dossier sensible. Une première liste d'attribution a été affichée mais ne concerne que des logements non squattés. La procédure durera encore un certain temps pour une régularisation définitive, avant le recours à l'expulsion par la force publique, dans le cas où il y a refus d'évacuation. Nos interlocuteurs de la police font la distinction entre le squat des familles nécessiteuses, méritant un traitement dans un cadre social, et le squat sauvage d'individus en relation avec la délinquance et la criminalité. C'est l'un des effets les plus pervers des événements de 2001. Des logements squattés dans le feu de l'action sont devenus des abris à la prostitution, à la consommation de drogue et à la préparation des actes de banditisme. Les enquêteurs notent que les agressions de différentes natures commises dans la localité demandent un temps de préparation, dans le repérage des lieux et le contact avec les complicités. Les services de police ont fait une étonnante découverte dans une cité squattée à Fréha. Des ouvertures ont été aménagées dans les logements, pour permettre d'échapper aux descentes de police. Il s'agit de véritables casemates urbaines. L'intolérable est atteint aux yeux des services de sécurité. La lutte contre la criminalité est inopérante dans pareil cas, quand on sait que n'importe quel petit hôtel est soumis à l'obligation de déposer quotidiennement les fiches de police. Les cités anonymes sont devenues des zones de non-droit qui minent la sécurité dans la collectivité. Même si le terrain est difficile, les services de police comptent sur la vigilance des citoyens, et citent l'exemple de la tentative de cambriolage à Tizi Bouchène, mise en échec par des jeunes du quartier. Les deux malfaiteurs ont été neutralisés par la population et remis à la police. Une arme de nouvelle génération, fonctionnant par décharge électrique, a été saisie sur les deux cambrioleurs.